Tribunal de Tournai : un photomontage du bourgmestre et de son chef de cabinet calomineux ?
Le bourgmestre Paul-Olivier Delannois et son chef de cabinet, Thierry Lesplingart affublés d’un groin de porc et d’un chapeau de colonialiste.
Publié le 03-01-2022 à 20h30
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Le caricaturiste Grizzly (Yves Duplouis de son vrai nom), accoutumé à n’épargner personne dans le paysage politique tournaisien, s’est retrouvé devant le tribunal de Tournai ce lundi. En cause, l’un de ses photomontages publié sur Facebook en 2019 et titré "Porcherie: Tournai, le racisme couvert au plus haut niveau?". Le prévenu y met en scène le bourgmestre Paul-Olivier Delannois ainsi que son chef de cabinet, Thierry Lesplingart, avec un groin de porc à la place du nez et coiffés d’un chapeau de colonialiste. Derrière eux, des esclaves de couleur noire.
"C'est l'expression artistique à l'égard d'une situation qui m'interpellait", explique Grizzly. La situation en question fait référence à une affaire devenue médiatique suite à un conseil communal datant également de 2019. Un ouvrier d'origine africaine avait rapporté être la victime de propos racistes.
De la rancœur envers les mandataires
Pour les deux responsables politiques constitués en partie civile, seul l'euro symbolique est demandé. Leur avocat, Me Rivière, indique cependant la rancœur qu'éprouve le prévenu envers ses clients. En effet, en 2017, le caricaturiste alors employé communal a fait l'objet d'une mesure disciplinaire dans le cadre de son travail au musée de Folklore. "Le prévenu est en aveux. Il ne vise pas les victimes en leur qualité de mandataire public. C'est un conflit personnel", souligne l'avocat. Selon lui, "il y a une intention de nuire. L'artiste n'a pas exprimé une opinion qui pourrait être considérée comme un délit de presse et donc passible d'un procès face à la cour d'assises. C'est un acte calomnieux".
Un talent reconnu par le tribunal
Le Procureur du roi, comme l'avocat de la partie civile d'ailleurs, a avoué s'être amusé face à de précédents photomontages du caricaturiste. "Il peut être mordant sans être méchant, mais cette image va trop loin. C'est comme une attaque en dessous de la ceinture. La liberté d'expression a des limites". Le magistrat précise qu'il avait proposé de classer le dossier sans suite si l'auteur supprimait la caricature. Chose qui n'a pas été respectée. Celui-ci réclame donc trois mois d'emprisonnement, assorti d'un sursis. La défense requiert à titre principal une suspension simple du prononcé et subsidiaire, un acquittement: "La caricature n'est pas sortie de nulle part. Il se base sur des faits. Le point d'interrogation après le titre a toute son importance. Il a publié sa pensée sur les réseaux sociaux". Le jugement sera prononcé le 31 janvier.