Tournai : la création émergente s'expose au Tamat
Le musée de la Tapisserie et des Arts textiles (TAMAT) accompagne la création émergente. L’exposition est ouverte jusqu’au 13 février.
Publié le 31-12-2021 à 06h00
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/MBFEB2KODFBJFPOCNCYKGVU4WU.jpg)
De jeunes boursiers ont peaufiné leur projet lancé en 2020, à l’appel des responsables du TAMAT. Leur démarche de création s’est prolongée toute cette année, suite aux interruptions liées à la pandémie. Regard sur des œuvres issues de disciplines aussi différentes que le dessin et la chorégraphie, l’installation, la photo et le stylisme.
Itinéraires croisés
C’est le décloisonnement des expressions artistiques qui est le fil conducteur de l’exposition. En s’appuyant sur une solide envie d’aller plus loin, avec pour guides des conseillers chevronnés, les participants ont exploré des matières, thèmes, volumes et mouvements particulièrement choisis.
En regard d'une tapisserie ancienne, "La vengeance du sauveur", exposée en ces lieux, Pétra Vanwichelen (B) cueille le bleu nuit aux racines mystérieuses. Elle cherche des connexions entre passé et présent, entre expression et mémoire. Une intéressante étude au crochet, en coton rouge, décode les balbutiements d'un cerveau en détresse, d'une parole écorchée.
Jehanne Paternostre (B) s'intéresse au processus de restauration et de consolidation des éléments textiles. Conserver, sauvegarder, ranimer les nuances, la trame, les fibres et traversées lumineuses: autant de gestes qui permettent un autre regard sur ce qui a eu lieu et peut renaître. C'est singulièrement inventif et solaire.
La culture visuelle convoque l'œil critique de Lisa Plaut (F). La plasticienne soumet des phrases issues de catalogues à l'épreuve de l'inutile et du fourre-tout. Elle les dispose sur fond de tissus évocateurs. Par ailleurs, ses pizzas espiègles racontent des histoires de compositions, celles des tisseurs de petits riens, avec un évident plaisir.
Maïlys Lecouvet (F), diplômée de l'Académie des Beaux-Arts de Tournai en peinture, joue avec les codes des images religieuses en utilisant l'activité intense de la starlette Kim Kardashian. Sa recherche dépasse la simple insolence. Elle aborde le thème de l'estime de soi, celui de l'absorption des identités par les réseaux sociaux.
Archéologue et historienne de l'art, Lina Manousogiannaki (EL) explore le toucher avec "Voodoo dolls", des poupées réinventées, gavées de laine. Ses portraits, ceux de quidams grimaçant sous la contrainte du masque, témoignent avec audace d'émotions et expressions distanciées.
L'équilibre des drapés du quotidien est source de nouvelles images, pour Eva Dinneweth (B). Elle observe l'état des bâches et voiles dans leur environnement, leur offre le mouvement, les plis. Dans cette constellation neuve, le visiteur est invité à rêver.
La longue attente de l'aboutissement a empêché Charlotte Stuby (CH) et Arnaud Rochard (F) d'aller jusqu'au bout du projet d'exposition. Mais au rez-de-chaussée, l'écrin réservé à Sixtine Jacquart (F) inventorie les liens entre cheval et cavalier, à travers "Chair". Elle propose un questionnement de l'outil: cuir, porcelaine, tissu élastique, bois. Une présentation sobre et nette, digne d'un musée contemporain, qui fut alliée à des performances en d'autres lieux.
Jusqu’au 13 février au TAMAT, 9 place Reine Astrid, www.tamat.be