La santé mentale des détenus inquiète
La commission de surveillance de la prison de Tournai s’inquiète du mal-être criant et croissant chez de nombreux détenus. Elle souhaite une meilleure prise en charge de la santé mentale.
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Publié le 09-10-2021 à 06h00
Chargée du contrôle indépendant de la prison, du traitement réservé aux personnes détenues et du respect de leurs droits, la commission de surveillance de l'établissement pénitentiaire de Tournai s'inquiète des conditions de détention et de l'impact sur la santé des détenus. «Les visites que nous effectuons régulièrement à la prison de Tournai révèlent un mal-être criant et croissant chez de nombreux détenus, expliquent les membres de la commission. Ce mal-être conduit parfois à de graves problèmes de santé, souvent mentale, entraînant une augmentation de cas psychiatriques et induisant des comportements agressifs sur eux-mêmes, sur les codétenus ou sur les gardiens.»
Pas de cellule de décompression, une prise en charge aux Marronniers?
La commission de surveillance déplore un manque de moyens humains (médecins, psychologues, assistants sociaux, psychiatres), mais aussi un mauvais état de l'infrastructure. L'absence de cellule de décompression est l'un des problèmes majeurs. «Certaines urgences s'imposent dans le court terme, dont l'aménagement d'un local sanitaire adapté pour les détenus en souffrance psychiatrique aiguë. Actuellement, ces détenus sont placés au "cachot". Comme ils ne peuvent être menottés, et que la camisole de force est interdite, le risque est qu'ils se fassent violence, en précipitant par exemple leur tête contre le mur… Il est donc important qu'un espace capitonné puisse être aménagé, avec des matelas indéchirables.» Comme alternative, la commission de surveillance s'interroge sur la possibilité d'une collaboration avec le CRP Les Marronniers. «Comme les annexes psychiatriques des prisons belges sont surpeuplées, le centre régional psychiatrique Les Marronniers pourrait héberger et/ou soigner les détenus en crise.»
Les membres de la commission de surveillance remarquent aussi que le mal-être entraîne des assuétudes graves, et donc des trafics en tous genres. «Il faut se pencher sur les réponses à apporter à ces problématiques, celles liées à la drogue. Actuellement, très souvent, les réponses sont exclusivement répressives. Or, des outils de prévention et d'accompagnement sérieux existent… Sont-ils suffisamment mis en œuvre? Le personnel pénitentiaire est-il sensibilisé et préparé à répondre de la façon la plus adéquate?»
L’inquiétude de la commission de la surveillance a été relayée au Parlement wallon à la ministre de la Santé Christie Morreale par les trois députés de Wallonie picarde, Mathilde Vandorpe (cdH), Véronique Durenne (MR) et Jori Dupont (PTB). Le député fédéral Daniel Senesael (PS) a quant à lui interpellé le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne.