De la Formule 1 aux centrales nucléaires: DSi (Froyennes) se diversifie
DSi s’est fait un nom en appliquant la médecine nucléaire aux moteurs. Mais la société tournaisienne a décidé de se diversifier avec l’analyse de fûts de déchets radioactifs, en partenariat avec Technord.
- Publié le 01-06-2021 à 06h00
:focal(544.5x417:554.5x407)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/KAN5YSOWQNCXNKP3FHNLQXMCJA.jpg)
La société Delta Services Industriels (DSi) travaille avec les plus grands motoristes. Ses clients sont basés aux quatre coins de la planète, très loin des bases tournaisiennes de l'entreprise créée (il y a 21 ans) et encore dirigée par Thierry Delvigne. Des groupes comme Renault, Stellantis, Total, ou encore des motoristes de F1, utilisent la technologie DSi consistant à appliquer des techniques de radio-traçage pour le développement des moteurs et des lubrifiants, l'équivalent de la médecine nucléaire appliquée aux moteurs. Sont ainsi analysés, en temps réel, la consommation en huile des moteurs, la quantité d'air en suspension dans l'huile, la quantité de carburant qui migre vers l'huile, ou encore l'usure des pièces mécaniques d'un moteur. «Les moteurs sont acheminés ici pour être testés, mais nos bancs de tests sont aussi exportés, vendus ou loués avec le support d'un ingénieur», indique Florent Callens.
Au cours des vingt dernières années, ces technologies de radio-traçage ont permis d'optimiser les moteurs et de concevoir des lubrifiants plus performants. «En utilisant la radioactivité pour nos tests, nos calculs d'usure ont un niveau de précision de l'ordre du nanomètre par heure». Un système de mesures embarqué dans les véhicules, quand les moteurs sont en fonctionnement, offre une souplesse d'utilisation exceptionnelle.
Partenariat 100% belge
Cet atout de flexibilité en est un aussi pour la nouvelle activité de diversification menée avec la société tournaisienne Technord, actuellement en cours de commercialisation: un laboratoire mobile d'inspection et de caractérisation des déchets nucléaires stockés dans des centrales, des centres de recherches et des centres de stockage de déchets. «Avec Technord, en charge des parties électriques et automatisation du projet, il y a aussi d'autres partenaires, tous belges, et c'est une grande fierté de pouvoir s'attaquer à un tel marché».
Baptisé «Syscade», financé notamment par le Feder et de la Wallonie, ce projet consiste à développer un laboratoire mobile matérialisé par un container aménagé pour analyser sans les ouvrir les fûts de déchets radioactifs. «Nous mettons au service de cette solution nos compétences en matière de technique nucléaire, mais aussi notre capacité à proposer des solutions les plus souples possible».
Rayons x et gamma

Durant de nombreuses années, beaucoup de déchets radioactifs ont été mis en fût avec peu de référencement car les outils informatiques n’existaient pas encore.
Suite à l'évolution législative, et à la volonté de se soumettre à une gestion environnementale plus stricte pour garantir des solutions de stockage viables, ces déchets historiques» doivent être correctement caractérisés.«Notre unité d'analyse combine pour la première fois la radiographie rayon-X (pour déterminer visuellement le contenu des fûts) avec un système de caractérisation radiologique: celui-ci permet d'identifier les isotopes présents dans les fûts ainsi que leurs niveaux d'activité». Et donc leur degré de dangerosité et la manière avec laquelle ils pourront être triés, stockés à long terme voire traités. «Nous avons commencé à commercialiser nos unités, les perspectives sont très encourageantes».
S’adapter à l’évolution du marché automobile
Spécialisée dans l’analyse de moteurs thermiques, DSi s’adapte également aux technologies hybride et électrique.
Sur le toit du bâtiment dédié au département production de DSi, là où sont notamment fabriqués des équipements de mesure de l'entreprise, ont été installés des panneaux photovoltaïques pour une production de 190 MWh. «Cet investissement (de 160 000€) va couvrir nos besoins actuels pour alimenter nos machines de test. C'est aussi un pas vers nos futurs moyens d'essais pour les motorisations et lubrifiants du futur, hybrides et full électriques, parce qu'il faut s'adapter à l'évolution du marché automobile», nous dit M. Callens.

Le plan d’investissement a débuté en 2016 avec un rapprochement des entités test et production, l’aménagement de nouveaux locaux, et la modernisation des moyens d’essais pour répondre aux challenges R&D de demain.
C’est dans le bâtiment que s’est notamment installée la filiale «Scannix», spécialisée dans des solutions de radiomonitoring pour les laboratoires de recherches et médicaux, et les centres de production de radio-isotopes.