À Willemeau, la zone d’immersion naturelle victime de son succès: «Comme s’il y avait une marche Adeps»
Ce petit coin de paradis a aussi attiré des gens peu respectueux des lieux. Des ajustements sont nécessaires.
Publié le 23-11-2020 à 08h10
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Constituée d’une digue en terre, la zone d’immersion temporaire (ZIT) de la Maladrerie, à Willemeau, permet de retenir les eaux lors de fortes pluies, et d’ainsi diminuer les risques d’inondation dans la vallée du rieu de Barges, à Willemeau et à Ere notamment. Cette mise en œuvre favorable à la biodiversité a contribué à la création d’un très bel endroit. Un petit paradis, dit-on. Le genre de lieu qu’on pointe sur la carte des incontournables à effectuer sur son lieu de vacances. Les Tournaisiens et des habitants des communes environnantes ne s’y sont pas trompés en venant s’y promener fort nombreux cet été, pendant les vacances, mais aussi au début de l’automne pour profiter d’un bol d’air frais en plein confinement. Mais ce succès a eu un revers de médaille: il y a eu parfois trop de monde en même temps, de surcroît des gens peu respectueux de la nature.
«Comme s’il y avait une marche Adeps»
Benjamin Lenglez, directeur du bureau d'études provincial H.I.T. (dont les équipes s'occupent de la gestion du site), a eu l'occasion de s'y promener il y a une quinzaine de jours. «J'ai été frappé par le nombre de personnes qui s'y trouvaient. Comme s'il y avait un rendez-vous pour une marche Adeps, voire le départ d'un pèlerinage». Il a pu constater ce qu'on lui avait déjà fait remonter: le lieu est victime de son succès. «On a déjà dû enlever les moutons qui se trouvaient là dans une optique d'éco-pâturage, et les déplacer dans la zone proche des Pèlerins non accessible au public. Parce que des gens lâchent leur chien; on a dû euthanasier un mouton qui s'était fait mordre. S'il y a encore deux moutons, c'est parce qu'on n'a pas pu les attraper».
Ce n'est pas le seul type d'incivilités dont a souffert la zone naturelle. Des canettes sont régulièrement repêchées dans l'eau. Des gens abusent de la grande passerelle en bois, élément visuellement symbolique en plein milieu de l'eau. Depuis quelques semaines, les promeneurs sont invités à faire le tour sans passer par là. «La tentation est forte, on ne peut pas faire la police pour interdire aux gens de s'y promener. Mais il n'est pas question de courir, voire de pique-niquer comme certains le font: ce plan d'eau a un intérêt ornithologique et le monde fait fuir les oiseaux et nuit à la biodiversité. Cette passerelle constitue un point sur lequel nous allons réfléchir».
Les trois hectares dédiés à la découverte de la faune et de la flore servent avant tout à retenir les eaux en cas de fortes pluies. Or, des enfants ou des gens complètement inconscients n'ont rien trouvé de mieux à faire que d'ouvrir des vannes hydrauliques destinées à réguler le niveau d'eau. Heureusement, il n'y a eu aucune conséquence fâcheuse. «On ne peut pas surveiller les lieux en permanence, alors on a sécurisé cette zone technique en mettant des cadenas notamment».
De nouvelles plantations en 2021
Des panneaux didactiques doivent encore être installés pour expliquer diverses notions: le verger, l'hôtel à insectes, le fonctionnement hydraulique, etc. «Les supports sont déjà sur place mais la personne qui devait finaliser ce projet a été souffrante». Des poubelles ont été placées il y a quelques semaines. La plupart des plantations et arbustes de la zone n'ont pas résisté à la sécheresse de l'été. «Il aurait fallu arroser très régulièrement, mais le confinement n'a pas arrangé les choses. De nouvelles plantations seront mises à la fin de l'année ou au tout début de l'année prochaine».