Un toit pour sortir les SDF de la rue
Le projet Housing First déployé depuis trois ans à Tournai vise l’insertion des sans-abri via l’accès au logement.
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Publié le 04-05-2020 à 06h00
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L’accès à un toit relève du parcours du combattant pour les sans-abri les plus fragiles. Ces personnes installées durablement en rue et qui cumulent souvent des problèmes d’addiction et de santé (mentale ou physique) sont considérées comme les «exclus des exclus».
Dans ce contexte, on comprend aisément la difficulté de pouvoir leur donner des perspectives de réinsertion sociale.
«Les SDF portent tous les stigmates des mauvais locataires. Sans argent ni téléphone, ils passent l'essentiel de leur temps à organiser leur survie en rue, qui reste leur unique repère.
C'est un public qui, de fait de sa situation de grande précarité, a dû mal à se conformer à la vie en société, à se présenter à des rendez-vous…Autant dire que sans aide structurée, il n'arrivera jamais à accéder au logement, qui est pourtant un droit fondamental», souligne Quentin Ervyn, le président du Relais social urbain de Tournai.
À l’échelle du territoire tournaisien, des dispositifs d’accompagnement existent pour tenter d’enrayer cette spirale et de sortir les sans-abri de la rue.
Il y a trois ans, plusieurs associations regroupées au sein du Relais social urbain ont mis en place un projet de «Housing First», qui existait déjà à Bruxelles et dans les grandes villes belges. «Il y avait déjà des expériences positives de relogement de personnes qui vivaient dans la rue depuis deux ans. À Tournai, certaines structures comme l'abri de nuit, qui dispose de 24 places permanentes (42 en période hivernale), offrent une solution temporaire de toit mais on constate qu'une partie des bénéficiaires sont des habitués.»
Pas une solution miracle
À Tournai, pas moins de 23 sans-abri encadrés par les travailleurs sociaux ont été identifiés comme candidats potentiels aux logements proposés dans le cadre du projet «Housing First» (en stand-by avec le coronavirus).
Deux d’entre eux sont mis en location par des propriétaires privés, un par la Ville et un autre par le Logis tournaisien.
Si quatre autres logements pourraient prochainement étoffer l’offre existante, celle-ci semble bien dérisoire au regard des besoins rencontrés sur le terrain.
Un travail social, d’accompagnement
«Il ne faut pas voir le Housing First comme un gadget ou une solution miracle aux maux de notre société. C'est avant tout un travail social d'accompagnement qui vient compléter les autres dispositifs mis en place par le CPAS, les maisons d'accueil, le Logis tournaisien, l'Agence immobilière sociale (AIS), etc.
Il n'y a pas de concurrence sachant que l'on vient en aide à un public spécifique de personnes exclues, en leur permettant de reprendre pied grâce au logement», assurent de concert Quentin Ervyn, le président du Relais social urbain, et Louise Leclercq, infirmière de rue du Relais Santé.
On l’aura compris, l’idée n’est pas de créer une liste d’attente mais de travailler à un processus de rétablissement du SDF, qu’il puisse ou non bénéficier d’un logement.