S’intéresser à l’identité et l’apparence
Ying-Juan a 30 ans. Elle pèse 105 kg. À Taïwan, comme ailleurs, cette corpulence choque, suscite les moqueries et rend la vie difficile à bien des égards.
Publié le 30-01-2020 à 06h00
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Sous la pression de sa mère, la jeune femme entreprend à contrecœur une cure d’amaigrissement. Et pour mener ce dur combat contre l’obésité, elle peut compter sur le soutien de Wu, un livreur souriant malgré un lourd passé.
Et ce n’est pas le seul à avoir un secret. Xiao-Yu, élève modèle de l’école dans laquelle elle travaille cache lui aussi quelque chose.
Trois protagonistes et autant de démons intérieurs entre leur personnalité propre, leurs envies et les normes de la société auxquelles il faut se conformer.
«À Taïwan, mais plus généralement en Asie, les regards sont très sévères envers les obèses», souligne Tsai Jia-yin, l'actrice principale du film Heavy craving présente au Ramdam. Et le film va au-delà. «La réalisatrice, Pei-Ju Hsieh, a voulu parler des minorités qui ne sont pas acceptées par la société. Elle a voulu s'intéresser à la question de l'apparence. Elle a fait un film accessible au travers duquel les gens puissent s'interroger sur l'identité.»
À l'origine de la démarche de la réalisatrice, des situations qu'elle a elle-même vécues. «Quand elle était jeune, elle était un peu ronde. Elle n'était pas du tout obèse et ne pensait qu'une soixantaine de kilos, mais chaque fois qu'elle mangeait quelque chose, sa famille lui mettait la pression. On l'appelait "la petite grosse" et elle garde toujours en elle ce traumatisme, même si aujourd'hui elle est très mince. Et même dans les familles où les relations sont bonnes, il y a quand même beaucoup de pression sous prétexte de l'amour. Cette pression est-elle vraiment nécessaire?»