Le Tournai d’avant: l’histoire du vieil hôtel de ville
Si le centre commercial de la ville se love sur le forum, le site névralgique, décisionnel, de la cité se trouve de l’autre côté du beffroi, sur ce qui n’est pas encore une place.
Publié le 17-10-2019 à 09h22
En 1153 apparaissent treize jurés. Où se réunissent-ils? On ne sait, tout en constatant très vite une belle activité de leur part dans les droits civil et pénal.
Pour l’historien Paul Rolland, une Halle des Consaux ou Hôtel de ville aurait été bâtie vers 1234. Affirmation du pouvoir local, gestion des libertés et privilèges octroyés par la charte de Philippe-Auguste (1188) ne sont qu’exemples de la vitalité de la ville.
Quoi qu’il en soit, l’hôtel de ville se dresse dans ce XIIIe siècle entre rue des Primetiers vers la rue de Paris, parallèlement à la rue Saint-Martin. Imposant avec ses 50 m de long, il rassemble les pouvoirs locaux.
Édifice tout de pierre, sombre et lourd, il porte la marque de son temps, ne serait-ce que par la porte d’entrée située à l’étage, lequel était soutenu par les courts piliers d’une voûte en berceau. Au XVIIe, un perron à double rampe et une galerie en adoucissent un peu la rigueur.
On y trouvait ce qui, à l’époque, avait de l’importance: le poids public, une chapelle ogivale et deux prisons dites de la Pippenerie et du Tiens-le-Bien.
S’y succédaient les salles dites «des Princes» où les Consaux (les édiles actuels) tenaient séance, le «Salon de la Reine» mais encore le «Chambre des Finances», la «Chambre secrète des finances» ou le «Conclave des échevins».
Tournai ayant reçu le droit de justice, son tribunal siège dans la salle de la «Gehenne». Les méfaits commis dans sa jurisprudence étaient là soumis aux appréciations des juges dont la sentence était rendue après un maximum d’un quart d’heure, les accusés ne recevant jamais l’aide des «emparleurs» ou avocats.
Bancs de bois, chandelles, chariots de fer où brûlait charbon ou bois, un seul fonctionnaire pour l’entretien: un autre temps.
Aux hommes de bien
Accolée à l’hôtel de ville se dresse la tour dite des «Six». Quarante-trois mètres de haut sur un carré parfait de douze et des murs épais de deux mètres et demi. Plutôt rébarbatives, ses structures étaient telles car on y rassemblait les trésors de la ville, ceux d’or et d’argent mais aussi les chartes, registres, titres et œuvres de la loi.
Jurés et échevins se partageaient les étages. Particulièrement bien clos, la «ferme des échevins» fermée par trois portes munies de quatre serrures dont les clefs sont en possession soit du mayeur ou des échevins selon leur grade. Deux autres salles requerraient deux clefs supplémentaires d’où le patronyme de «Tour des Six», confiée à six hommes de bien.
C’est ici que Christine de Lalaing, quittant Tournai en vaincue en 1581, se saisit des précieux trésors de la cité, trésors que lui fit rendre gorge Alexandre Farnèse qui lui courut sus le long de l’Escaut.
La Tour des Six disparut en 1820. Histoire à suivre.,