La Croix-Rouge perd 21 % de son pouvoir d’entraide !
Certaines activités de la Croix-Rouge sont désormais soumises à la TVA, et notamment la vente de vêtements.
Publié le 04-06-2019 à 06h00
Dans le courant du mois d'avril, Jacques Derock – président de la Croix-Rouge de Mouscron – reçoit un mail plus que déplaisant. «Le courriel stipulait que nous étions soumis à la TVA depuis le 1er avril 2019, sans que nous n'ayons été prévenus au préalable», déclare le président.
«Scandaleux de taxer de l’humanitaire»
L'équipe de bénévoles était révoltée. «Premièrement, nous étions très fâchés! Peu à peu, cette colère s'est transformée en déception… Personne ne comprenait pourquoi du jour au lendemain on nous mettait des bâtons dans les roues. Il est scandaleux d'oser taxer de l'humanitaire, alors que nous nous battons au quotidien pour aider les personnes les plus démunies!»
La Croix-Rouge mouscronnoise agit de plusieurs manières. Outre son accueil des sans-abri pour discuter et boire un café chaud, elle offre une boutique aux prix plus que réduits et elle loue du matériel paramédical à moindre coût. «Nous n'avons pas l'occasion de dépenser cette TVA. Tout ce que nous vendons est issu de donations et nous sommes taxés sur la revente de ces articles.»
Cette situation pourrait être un amalgame, selon Jacques Derock. «Je pense qu'ils n'ont pas fait la différence entre un magasin de seconde main et la Croix-Rouge. Nous ne sommes pas là pour gagner de l'argent. La seule monnaie que nous gagnons est immédiatement réinvestie dans des actions sociales.»
«Ce sont les plus démunis qui payent cette TVA»
Une pensée révolte davantage. «Nous ne manipulons pas l'argent que nous récoltons. Au final, ce sont les plus démunis qui payent cette TVA. Nous n'acceptons pas cette idée!»
Il y a un an, l'association mouscronnoise créait un nouvel angle d'entraide. «Nous avons mis en place un système de bons d'achat. Le moindre centime récolté sur la vente de nos produits est désormais reversé au CPAS mouscronnois qui offre des bons d'achat en grande surface pour les personnes dans le besoin.» Et un seul principe prime: il est interdit de se servir de ces bons pour se procurer de l'alcool ou du tabac.
Humanité, impartialité, neutralité, indépendance, volontariat, unité et universalité! Les bénévoles respectent énormément cette charte. «Jamais nous ne manquerons à ces dogmes! Or, nous avons l'impression que cette taxe vient narguer nos 7 principes fondateurs! Notre plus gros challenge est l'accueil. Cet impôt est la première chose que nous voudrions refuser depuis notre création!» déclare Jacques Derock.
Les dirigeants de l'association se battent afin de faire disparaître cette taxation. Hélas, Jacques Derock sait que ce combat sera épuisant, voire perdu d'avance. «Nous estimons qu'une exonération à 6% de taxe sur la valeur ajoutée serait déjà plus raisonnable. Bien sûr, nous aimerions revenir à une taxation nulle mais nous n'avons que peu de foi en cela. Hélas…»