A Tournai: nourriture à partager pour rue devenue comestible
Lundi soir, rue Albert Allard où il régnait un petit air de fête des voisins, des habitants ont pris part au lancement d’un «espace comestible».
Publié le 14-06-2017 à 06h00
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Salades, choux, potirons et courgettes, thym, romarin, fleurs de tournesol et de lavande… Rue Albert Allard, entre le boulevard Léopold et l’avenue des Érables, ce lundi en fin de journée, pousses et semis n’attendent plus qu’à être plantés dans un espace confortable d’une vingtaine de mètres situé entre une propriété privée et le trottoir.
On trouvait à cet endroit, voici quelques jours encore, une haie assez dense de laurier-cerise. Celle-ci a été enlevée pour être remplacée par des plantes comestibles, dans le plus pur esprit du mouvement citoyen «Potagers collectifs – Incredible Edible Tournai». Des membres de ce groupe d’«Incroyables comestibles» étaient sur place, parmi lesquels Tony Roupin qui depuis 2013 encourage la création d’espaces publics à Tournai. Le but? Susciter et amplifier les notions de partage, de solidarité et d’alimentation saine.
«Le propriétaire de cette parcelle est sensible à la démarche, tant en raison de sa valeur sociale que de la manière avec laquelle elle contribue à embellir la ville. Il a déjà participé à la plantation d'arbres fruitiers près de son entreprise, il participe à la gestion d'un jardin partagé près de sa maison, et il vient de prendre part à la préparation de cet espace en le libérant des racines et des souches d'arbres».
Des rencontres spontanées autour de plantes et d’un apéro
Le mouvement «Incroyables comestibles» avait déposé dans les boîtes aux lettres du quartier un petit prospectus pour expliquer la démarche. Ce lundi, un homme avoue être perplexe en lisant les affichettes «Nourriture à partager, servez-vous!» mises sur le mur.
Élisabeth, domiciliée dans la rue depuis quelques années et qui s'occupe déjà une parcelle de potager à la rue de l'Escalette, prévient: «Bien sûr, il y aura peut-être des plantes arrachées par des étudiants qui passent par là, ou des dégradations, mais on ne peut pas s'arrêter à ça. Sinon nous ne ferions plus rien!»
Une heure après le début de la réunion, un beau groupe est rassemblé face aux bacs à légumes et aromates, en particulier autour d'une petite table où sont servis des verres d'apéro. Il règne dans la rue Albert Allard, exclusivement résidentielle, une jolie atmosphère de «fêtes des voisins» amplifiée par la douceur ambiante. Une dame avoue avoir discuté avec des gens qu'elle ne connaissait pas. «Ils habitent un peu plus haut depuis trois ans pourtant».
Quelqu'un propose d'aller chercher chez lui quelques carrelages pour poser sur la terre, afin de permettre d'entretenir les parcelles voire cueillir des légumes sans chaque fois se salir les pieds dans la boue. L'arrosage ne sera pas un problème: des voisins directs des bacs mettront un robinet à disposition quand ce sera nécessaire. «Nous avons déjà des bacs dans le square Marie-Louise et près de la Maison de la culture, mais c'est moins facile pour l'approvisionnement en eau», témoigne Tony Roupin.
Tout le monde est bien conscient que le succès du projet se mesurera à la manière avec laquelle les habitants s'approprieront leur espace comestible, l'entretiendront et l'arroseront. Le propriétaire des parcelles, nouveau venu dans le quartier, est enthousiaste: «C'est réjouissant de voir une énergie si positive se créer à l'échelle d'un quartier, juste autour de quelques plantes».