La fréquentation en hausse de 20%
Surprise: Nebel im August, le film allemand qui n’était pas prévudans la programmation, a été désigné par le public du Ramdam meilleure fiction.
Publié le 24-01-2017 à 21h05
Nebel im August, de Kai Wessel, raconte le tragique destin d'Ernst Lossa, un orphelin tzigane de quatorze ans assassiné en 1944 dans un hôpital psychiatrique du régime nazi. Brouillard en août, son titre en français, ne doit sa présence qu'au retrait de la programmation, en dernière minute pour des raisons techniques, du long-métrage Goat.
Ceci explique pourquoi, compte tenu du délai très court, il n'avait pas été possible d'inviter une partie de l'équipe du film samedi à Imagix. Nebel... qui décroche le prix de la meilleure fiction, est tiré d'une histoire vraie, comme pas mal d'œuvres présentées dans le cadre de ce Tournai Ramdam Festival 2017: Lion, qui faisait hier soir la clôture de la septième édition - avec de véritables images de la rencontre en Inde entre les parents adoptifs et la mère naturelle de Saroo - ou Tanna, venu lui aussi d'Océanie et qui a contribué à faire accepter les «mariages d'amour» sur la petite île de l'archipel du Vanuatu. Noces de Stephan Streker et le bulgare Glory sont « librement inspirés » de faits divers authentiques. Il convient d'ajouter que Nelly, évoque la vie et de l'œuvre de l'escort girl et auteur Nelly Arcan. 3 000 nuits de Maï Masri n'est qu'un reflet de la réalité dans les prisons israéliennes. Pour écrire Belgica, le réalisateur Felix Van Groeningen s'est basé sur son parcours personnel. Et Christelle Berthevas de sa vie dans Orpheline. Le Roumain Adrian Sitaru décrit son film Illégitime comme un hybride entre le documentaire de fiction et le scénario imaginé. Car oui, la réalité, souvent, dérange...
On souhaite néanmoins à Liz, de ne pas avoir vécu un centième des horreurs qui arrivent à son personnage dans Brimstone, le western du Hollandais Martin Koolhoven que les spectateurs ont élu Fiction la plus dérangeante. Il est vrai qu'à côté du pasteur, les protagonistes de Tarantino feraient presque figure de Bisounours.
Sans surprise, dans la catégorie Documentaire, La jeune fille de 90 ans, de Valéria Bruni-Tedeshi et Yann Coridian, dont chacune de quatre séances s'est déroulée devant une salle comble, a remporté l'adhésion du public, tandis que le prix du documentaire le plus dérangeant va à #My escape, de l'Allemande Elke Sasse, sur le parcours des migrants. Dans cette même catégorie «Docu», le jury de la presse réuni mardi a attribué son prix à Zero days, de l'Américain Alex Gibnet, tandis que Pas sans nous, de l'Allemande Sigrid Klausmann reçoit une mention.
Plus de 23 000 spectateurs
L'Europe s'est donc distinguée lors de ce septième «Festival du film qui dérange» aux œuvres très diversifiées. Dommage que la Belgique ne figure pas à ce palmarès alors que tant Angle mort, de Nabil Ben Yadir, Noces, mais aussi Home, de Fien Troch, sorti une semaine trop tôt, L'Économie du couple, de Joachim Lafosse, ou Belgica, sont tous d'excellente facture: ils correspondent en outre aux fondamentaux du Ramdam qui sont de faire réfléchir et de développer l'esprit critique des spectateurs.
Ceux-ci se sont déplacés en nombre: le chiffre de 23 000 entrées est dépassé, ce qui représente une augmentation de 20% par rapport à l'an dernier. Si on divise ce total par le nombre de séances, on franchit la barre des deux cents personnes, en moyenne, par projection. Incroyable! De mémoire de festivalier, des salles entièrement remplies à la projection de quatorze heures, on n'avait jamais vu cela. Certains viennent de plus loin que les frontières de la Wallonie picarde: du nord de la France, de Flandre... Le nombre de bouffeurs de pellicule est chaque année en progression: ils ne sont pas rares à avoir visionné trente longs-métrages - ou même plus. Dans les couloirs, de nombreux cinéphiles confiaient qu'ils n'avaient pas été très «dérangés» par les films de la cuvée 2 017. Parce que la programmation était plus light cette année? Ou parce qu'au fil des éditions, le public adapte son regard à ces œuvres qui le bousculent, au point d'en faire son principal centre d'intérêt cinématographique?
Six films nominés aux oscars
Les nominations pour la cérémonie des Oscars sont tombées mardi après-midi: on retrouve Land of Mine (Ramdam 2016 du Meilleur film et du Film qui dérange) de Martin Zandvliet et Tanna, de Martin Butler et Betley Dean, dans la catégorie «Meilleur film étranger», Manchester by the sea (meilleur film, meilleur réalisateur Kenneth Lonergan, meilleur scénario, les performances de Casey Affleck dans le rôle principal, Michelle Williams et Lucas Hedges dans un rôle secondaire, meilleure photo) et Lion (meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleure actrice dans un second rôle pour Nicole Kidman, meilleur acteur dans un second rôle pour dans Dev Pattel, meilleure photo, meilleure musique originale), Ma vie de courgette, de Claude Barras et La tortue rouge de Michael Dudok De Wit, dans la catégorie des films d'animation.
Et là, on se dit que le comité de programmation du Tournai Ramdam festival a, une nouvelle fois, eu beaucoup de flair!