L’ultime roman de Christian Van Moer
Il venait de publier un septième ouvrage aux éditions Chloé des Lys. Christian Van Moer, poète et romancier, est décédé fin novembre.
Publié le 16-01-2017 à 05h00
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«J'ai toujours aimé l'écriture, mais le temps m'a manqué», nous confiait-il en 2010, suite à la parution d'un roman. Celui qui sort de presse s'intitule «La Folie Corentin» et se décline en cinq chapitres.
Passionné par la lecture, la peinture et le bridge de compétition, Christian Van Moer était l'un des administrateurs du Cercle littéraire de Tournai. Né à Templeuve en 1944, il a enseigné la langue française pendant quelques décennies. Retraité, il s'est mis à l'écriture poétique («Les oiseaux bleus», «Glanes de mes errances»). Le roman qu'il a dédicacé lors du récent Tournai la Page s'ouvre avec un sonnet mélancolique aux accents baudelairiens: » D'un doux baiser soudain l'irrésistible envie…»
«La Folie Corentin» épingle, page après page, les pensées de Maud, l'amie du jeune peintre tournaisien. Elle sait qu'elle succède à Aude dans le cœur de l'amoureux. Rien ne lui a été caché. Mais ce qui est troublant, c'est qu'elle ressemble singulièrement à la jeune femme décédée des suites d'un accident. «Non, vous ne rêvez pas, les gars. Cette femme n'est pas une revenante. C'est Maud, ma nouvelle muse bien-aimée», martèle Corentin quand des proches et amis s'étonnent de l'apparente gémellité.
Pas si simple, pour ceux-ci, de ne plus aborder le sujet. Ni, pour Maud, de garder la tête tranquille quand une flèche vrille l'azur du bonheur. «Mes héros voyagent le long des gouffres», nous confiait Christian Van Moer, hanté par la question de l'au-delà et féru de suspense.
L'ouvrage emmène les lecteurs vers des destinations lointaines: les personnages traversent volontiers les méridiens. Mais l'action prend corps à Tournai, s'en détache et y revient. Maud et Corentin ont élu domicile à Froyennes. Il est peintre, elle devient sa secrétaire. Des faits étranges dérangent le quotidien sans vraiment le menacer. Présence de troubles psychiques, de fantômes, d'esprits tourmentés? «J'écris de manière linéaire, mais il m'arrive de bouleverser l'ordre des choses. Au lecteur de s'arranger avec la perception de l'histoire», précisait Christian Van Moer avec plaisir.
L’illustration de couverture du livre, une aquarelle de Luc Denis, présente «Orphée aux enfers». Une clé, sans doute, pour apprécier ce roman récemment édité.
Christian Van Moer, «La Folie Corentin», éd. Chloé des Lys, 23,60€