Un cactus fleurit sur les ondes : Raoul Collectif
Les chroniqueurs de ces années-là se veulent philosophes, se la jouent décodeurs ou plumitifs. On les écoute volontiers s’emparer d’un sujet lancé entre les lignes, titillant la parole brûlante, rivalisant d’agilité langagière.
Publié le 25-08-2016 à 06h00
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Les joutes verbales ont toujours cours: le bonheur est dans le pré, sur le plancher des vaches.
En mode transmission
«La direction de la chaîne nous a confirmé la suppression de ce programme.» Pas rentable, même aux heures de faible écoute et de puissant déferlement d'idées. Certains que «ce qui nous accable n'accable pas tout le monde», les cinq narrateurs ne compteront que sur eux-mêmes pour traverser l'épreuve. «Nous verrons ensemble ce que s'étonner de l'inconnu peut révéler comme ressources particulières.»
On repart de rien, de cette histoire de vache et de cheval à l'aube de la création, des premiers matins du monde. «Je constate que là où il n'y a pas commerce, il n'y a pas querelle.» Et si l'herbe vient à manquer? L'équipe plonge dans les signaux du capitalisme, réinvente les pièces de la domination libérale, en révèle les ressorts et rouages d'un trait passionné. Le délire emprunte des itinéraires fauves et jubilatoires, revient aux sources de l'image et de la nature. En radio, la gestuelle prend le pas sur le message, l'émerveillement se passe de tout discours, s'égare avec fougue sur les ondes. Transmission, chant choral, polyphonie: ceux-là vibrent d'un même élan et c'est ce qui les sauve, malgré coupure de courant et raz de marée. L'incarnation de l'idée rend caduc le système imposé: la voilà, la fée qui allume les époques, les déserts, les torrents. Elle brasse les mystères du transgenre et ceux des messages codés. Elle orchestre un ballet de blé dur, dans les feux sanglants du tourment. Elle force l'urgence des défis, on la tuerait pour que jamais ne se perde sa silhouette entrevue dans un songe. Restent, dans la prairie sonore, la vache et le cheval admis au club des furieux associés. La sagesse répond au chant révolutionnaire et au cantique intemporel. Il fait rouge et rage sur la scène. –
«Rumeurs et petit jour»,les 14 et 15 mars à 20h,Maison de la culture