« Les tissus de nos démons »
Le Centre d’Art contemporain du Textile (Tamat) présente une audacieuse exposition des mythes, chimères et faunes de haute mémoire.
Publié le 19-12-2014 à 04h00
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L’animal est-il le ferment de notre trace humaine? Poursuit-il, à travers nous, cet itinéraire qui rejoint un destin plus géant que celui que nous soupçonnons? Les recherches d’une vingtaine d’artistes interrogent sa présence intemporelle.
D’ailleurs et d’ici
Le cheval foudroyé dans sa course rappelle des légendes millénaires, au cœur d’une caverne et jusqu’en nos pages numériques. Cette œuvre interpellante, sculpture en polyuréthane, hèle les batailles, les tourments, la fièvre torrentielle: Aurel Quiros Miramontes est l’auteur de deux autres créatures au curieux galop. On les croise dans des songes au long cours, quand la lecture des événements planétaires nous laisse à notre rôle d’interprète. Et quand reviennent, à voix basse, les paroles oubliées d’une ménagerie souterraine.
Organisée en trois pôles, l’exposition du Tamat privilégie de multiples approches. Les matières utilisées sont variées: acier ou résine, coton, cire ou fibre de verre. Les langages traversent tableaux, installations, silhouettes et écrans. L’étonnement s’impose d’emblée, comme l’éclair sur la ligne du temps. Le héron des tapisseries du XVIIe répond aux échassiers dessinés à l’encre de Chine, au serpent d’une broderie contemporaine. Et les livres d’heures du diocèse d’Utrecht, aux enluminures fantasques, s’offrent sous le monocle dont l’empathie fait rêver. De telles rencontres avivent la curiosité: c’est du fond des âges que surgissent démons et merveilles, qui permettent d’affronter le présent. Ils transgressent les frontières, les siècles, les interdits: la vie n’est-elle pas pétrie de vestiges et de fictions? D’une armée de poissons à une galerie de museaux, d’une ossature espiègle à une peau de licorne, la jungle rameute nos défis. Il s’agit de se les réapproprier une bonne fois, en tenant à deux mains les clés que lèguent les créateurs.
Un atelier de visiteurs anonymes est ouvert sur place. Des travaux d’écoliers et de stagiaires témoignent de l’intérêt de jeunes observateurs pour un sujet artistique inépuisable.
Au Tamat, 9 place Reine Astrid, jusqu’au 9 mars. www.tamat.be