L’aventure « Tintin chez Casterman »
Louis-Donat Casterman (7e génération) raconte dans une jolie plaquette ce que fut l’odyssée Tintinchez l’éditeur-imprimeur tournaisien de 1934 à 1999.
- Publié le 12-11-2011 à 07h00
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Le film de Spielberg donne une nouvelle jeunesse à Tintin. Louis-Donat Casterman, auteur de plusieurs ouvrages liés à Tournai, a voulu raconter la part tournaisienne, et pour lui on peut dire « familiale », du plus célèbre reporter de papier.
Objectif France
Lorsque Hergé entame sa collaboration avec Casterman en 1932, il est recruté comme graphiste. « C'est un sensationnel lettreur. Comme premier boulot, on lui confie la revitalisation de couvertures d'ouvrages religieux. » explique Louis-Donat Casterman. Comment Hergé, Bruxellois de 25 ans, est-il entré en contact avec la maison tournaisienne ? Charles Lesne, bras droit de Louis Casterman, avait travaillé au journal le XXesiècle où il avait repéré Georges Remi. À cette époque Hergé a déjà publié les premières aventures de Tintin, sous le label du « petit XXe » mais en réalité à compte d'auteur avec le fameux abbé Wallez, et uniquement en Belgique francophone. Casterman lui propose d'être son premier vrai éditeur. Pour Hergé« Casterman est une maison à la page – une des rares ! – avec laquelle il y a moyen de faire du beau travail ». Une maison qui va lui ouvrir le marché français et bien plus par la suite.
Le trésor de l’offset couleur
Après un retirage de « Tintin en Amérique », l’aventure tournaisienne commence réellement en 1934 avec « les Cigares du Pharaon » suivi du premier chef d’œuvre « Le Lotus bleu ». Le succès est au rendez-vous. Mais Casterman comprend avant Hergé qu’il faut passer à la couleur et densifier.
Arrive la guerre. Hergé se brûlera le bout des ailes. En revanche, Louis Casterman, bourgmestre, ne cédera rien à l’occupant. L’estime entre les deux hommes n’est pas altérée.
Entre-temps, Casterman s'est équipée d'une machine offset, idéale pour la couleur, avec format à 64 pages (cela fera 62 planches +la page de garde recto-verso). La pression est sur Hergé. Et de toute façon le papier est contingenté. Le premier album qu'Hergé conçoit selon ces nouveaux critères sera « L'Étoile mystérieuse » (1942). Casterman l'a poussé aussi à refondre toute sa production précédente, à l'exception des « Soviets ».« Nous ambitionnons d'être prêts avec six ou sept albums au moins, dès la fin de la guerre […] Celui qui arrivera le premier aura toutes les chances d'être le roi du marché ».
Tintin au firmament
Dès 1948, le million d'albums est atteint. Les traductions vont se multiplier. Le néerlandais et l'anglais ont été devancés par… le portugais. Bien plus tard viendra le tournaisien. C'est la première langue régionale. A priori à mille lieues des préoccupations internationales d'Hergé qui, sans doute interloqué, a ce mot aimable:« Si c'est Casterman qui me le demande, je suis d'accord ».
Vingt ans plus tôt, Hergé avait aussi cédé à une demande de Casterman: celle de renoncer au titre étrange « le Museau de la vache » au profit d’un plus classique mais combien efficace « Tintin au Tibet ».
Les bijoux de Casterman
Le compagnonnage entre Hergé et les Casterman ne s’est jamais démenti. La plaquette de Louis-Donat Casterman fourmille de preuves de cette relation à la fois amicale et professionnelle. Les photos des visites d’Hergé (et son équipe) à l’imprimerie, les cartes de vœux adressées au personnel de Casterman, le courrier d’une chaleur allant bien au-delà d’une politesse convenue, et surtout le dessin réalisé pour le 175e anniversaire de Casterman, représenté en « fier vaisseau ». Tout en haut d’un mât flotte le pavillon du C à la tour, conçu par Hergé pour Casterman…
Tintin chez Casterman, Louis-Donat Casterman, 10€ durant Tournai-la-Page, 12€ ensuite.