Kylie Lambert a raison d’avoir les Cheetahs dans un coin de la tête
Tous les deux mois, on met à l’honneur un club, une équipe, un ou une athlète qui s’est particulièrement mis en évidence. Pour janvier et février, place à Kylie Lambert.
Publié le 01-03-2023 à 18h23
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Il ne faut pas se creuser la tête pendant des heures pour trouver celle qui portera, à l’avenir, haut les couleurs de notre région sur les pistes d’athlétisme. Pour l’heure, on a Camille Laus qui brille sur la scène internationale ; bientôt, on aura Kylie Lambert qui a d’ailleurs déjà commencé à le faire… C’était au meeting international de Liévin il y a une quinzaine de jours ! À 18 ans, l’Enghiennoise s’est retrouvée dans la cour des grandes, aux côtés de la fusée batave Femke Bol pour un 400 mètres qui s’annonçait déjà inoubliable bien avant de placer les spikes dans les starting-blocks. Un instant magique car fort en émotions qui ne donne qu’une seule envie à l’athlète du CABW: regoûter à ces mêmes sensations fortes ! Et le mieux sera dès que possible. Pour cela, notre régionale y va de bon cœur dans tout ce qu’elle entreprend, études comprises, qu’elles combinent avec des entraînements à haute intensité sous le contrôle de Carole Bam, la coach de nos Belgian Cheetahs, le relais féminin du 4x400 dont la capitaine n’est autre que Camille Laus. C’est en pensant également à cette bande de copines que forme la Tournaisienne avec Cynthia Bolingo, Hanne Claes et autre Paulien Couckuyt que Kylie redouble d’efforts pour être un jour au départ d’un grand championnat avec le maillot de la Belgique sur les épaules. Rencontre avec l’étoile montante de l’athlé en Wapi qui a fait de sa récente saison hivernale une pleine réussite.
Kylie, peut-on affirmer sans se tromper que c’est le plus bel hiver que vous ayez passé depuis plusieurs années ?
On peut le dire, oui ! D’abord parce que, sur le plan physique, je me suis vraiment bien sentie. Ensuite parce que cette forme s’est traduite au niveau des sensations ressenties sur la piste avec plusieurs chronos personnels améliorés.
Il se dit qu’un athlète tient une vraie importance aux chronos qu’il réalise… Petit test: dites-nous où vous en êtes à ce niveau-là à la sortie de cet hiver !
Oh, la colle ! Alors, sur 60 m, j’en suis à 7.57, si je ne me trompe pas (NDLR: bonne réponse ; temps réalisé à Louvain-la-Neuve le 8 janvier). Sur le 200, j’en suis… Attendez un peu ! 23.85, je crois (NDLR: bien vu de nouveau ; à Lyon le 26 février). Sur le 300, j’ai signé 38.11 ; et celui-là, je l’ai bien en tête car c’est un nouveau record de Belgique des moins de 20 ans (NDLR: à Gand le 4 février). Et j’ai aussi amélioré mon temps sur 400 mais je ne sais plus précisément. Je peux le retrouver si vous me donnez un instant…
On le fait pour vous: 54.39 ! Et si on vous dit que c’était à Liévin à la mi-février…
Je vous réponds que c’était tout simplement grandiose ! Courir au meeting de Liévin, c’était juste une très chouette expérience ! Je n’avais jamais pris le départ d’une course d’un tel niveau et devant un stade si bien rempli. Oui, j’en ai pris plein les yeux.
Mais comment se retrouve-t-on à 18 ans à être au départ de la même course que le phénomène Femke Bol qui, une semaine plus tard, battait le record du monde du 400 en salle en 49.26 ?
Cela s’est fait un peu à la dernière minute ! J’étais prévue en préprogramme mais quelques jours avant le meeting, l’organisateur a appelé pour me dire qu’il voulait me placer dans le meeting officiel si j’étais d’accord bien sûr, au regard de mon record national sur 300 mètres.
Quelles étaient vos sensations au départ de ce meeting ?
Il y avait un peu de stress mais je me suis dit qu’au niveau de la perf, je n’avais rien à perdre. J’étais là, c’était déjà super, je devais juste en profiter ! Après, j’avoue que j’ai été impressionnée, car Femke Bol a beaucoup de prestance. Il y a peu, c’est à la télévision que je la voyais et là, elle était dans la même course que moi. Elle reste encore jeune (NDLR: 22 ans à peine) mais elle est déjà une si grande athlète.
À la sortie de la saison hivernale, quel bilan tirez-vous ?
Il est positif ! Je voulais faire descendre mes chronos, peut-être pas sur toutes les distances, mais cela se prend, bien évidemment ! Le but est toujours de battre ses records. Ça donne un très bon aperçu de ce que je peux espérer pour la saison en extérieur.
Une bonne saison d’hiver n’implique pas de façon automatique une bonne saison estivale mais c’est toujours bon signe…
En effet, on reste des êtres humains, on n’est pas des machines, on ne sait jamais comment le corps va réagir. J’ai envie de dire que la salle, c’est fait, et même bien fait ! Place désormais à la saison outdoor que j’espère tout aussi bonne. À voir si la forme suivra mais, à première vue, il n’y a pas de raison que ça n’aille pas.
Quels seront les objectifs ?
Là où j’ai envie de me retrouver, c’est à Jérusalem pour les championnats d’Europe U20 au début du mois d’août. J’espère en être sur le 400 haies.
Quels sont les critères pour être de la partie ?
Je ne sais pas et je ne cherche pas à savoir quels sont les critères pour la qualification. Si j’améliore mon chrono, je déduis que ça devrait aller.
C’est une approche un peu particulière, non ?
C’est juste pour éviter de me mettre trop de pression inutile. Je me connais, je sais que si je me focalise sur un chrono à réaliser, ce sera le meilleur moyen d’arriver à me planter. J’ai connu une grosse déception l’année dernière (NDLR: des Mondiaux ratés pour deux dixièmes) en restant trop bloquée sur un temps sous lequel il fallait descendre. Je ne veux pas que l’histoire se répète. Ça a marché pour le record de Belgique du 300 mètres il y a peu. J’avais juste une idée de ce que je devais faire pour le battre sans toutefois connaître exactement le temps précis, et c’est passé comme ça.
Là, vous nous parlez des haies. On vous voit aussi sur le 60, le 200 et le 400 plat… Quelle est votre spécialité finalement ?
Ce que je préfère, c’est le 400 ! Et avec des haies, c’est encore mieux. Mais je me sens à l’aise aussi sur le 200 m. C’est une bonne chose d’avoir une telle panoplie de courses car cela permet du travail plus spécifique: vitesse, résistance, endurance, gestion… Mais le 400, avec ou sans haies, gardera ma préférence, ne fût-ce que pour essayer d’intégrer le relais des Cheetahs.
L’an dernier, cette perspective constituait un rêve ! Ici, c’est du concret, c’est bien présent dans votre esprit et à raison, on a envie d’ajouter…
Oui, j’ai envie de rentrer en ligne de compte. Et pour cela, je dois descendre mes chronos. L’athlétisme est un sport individuel mais l’idée de courir en équipe me plaît énormément. C’est un autre stress, une autre pression ! Puis, quand on voit les Cheetahs ensemble, ça donne envie de faire partie du groupe. Quand on les regarde à la télévision, on voit immédiatement qu’elles s’amusent. Elles forment une famille. J’ai la chance de déjà connaître quelques-uns de ses membres comme Hanne Claes, Cynthia Bolingo ou Naomi Van Den Broeck, puisque je fais partie du même groupe d’entraînement que dirige Carole Bam, la sélectionneuse du relais.