Auguste Boyon, empereur de Beneleague
Champion de Belgique à l’issue d’une finale de play-off complètement dingue, le Tournaisien du club de Visé n’a pas manqué son retour au pays et porte déjà un regard sur la prochaine saison marquée par un Mondial.
Publié le 20-06-2022 à 06h00
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Ils ne sont pas nombreux, nos sportifs régionaux, à pouvoir se targuer d’un titre de champion de Belgique. Encore moins dans un sport collectif! Il y a deux semaines, on a signalé l’avènement de Visé et de son Tournaisien Auguste Boyon au faîte du handball belge. Entre un titre à fêter et des examens en kiné à présenter, le temps est vite passé mais on ne pouvait pas ne pas revenir sur la performance d’un joueur qui a réussi son retour en Belgique, après avoir été formé à l’Estu Tournai puis au centre de formation de Dunkerque, avant de vivre le hand pro à Aix-en-Provence et à Nice.
Auguste, avec le recul, champion de Belgique, qu’est-ce que ça représente pour vous?
Un accomplissement qui arrive tôt (NDLR: il a 22 ans), valide mon choix de revenir en Belgique pour y combiner études et hand, matérialise le souhait d’un club de Visé de devenir un jour champion de Belgique. C’est vraiment l’exploit de tout un groupe.
Ce titre a été long à aller chercher: une phase classique à 22 matches, des play-off à six rencontres et une finale en trois actes dont le dernier restera dans les annales…
C’est ce qui rend ce titre encore plus savoureux! Au niveau suspense, on ne pouvait pas faire mieux: une défaite en finale aller, un succès d’un but au retour et une belle qui se clôture par deux prolongations et des tirs au but. C’était fou! Ça n’arrive quasi jamais. D’ailleurs, des joueurs ne savaient même pas qu’après la première prolongation de 10 minutes, on devait en jouer une seconde avant les pénos. Avec 80 minutes de match, on était plus près du match de rugby qu’autre chose…
Et le combat a été rude…
À l’image de tous nos duels face à Bocholt durant la saison: on a été battu deux fois en phase régulière; on s’est imposé deux fois en play-off; Bocholt a gagné l’aller de la finale; on a pris le retour et la belle avec ce scénario rare qui renforce le caractère exceptionnel de notre performance.
Comment vit-on un tel match décisif qui n’en finit plus?
Je retiens la tension ressentie avant notre dernier penalty. Une fois qu’on voit le ballon au fond du but, il y a toute la nervosité accumulée qui ressort. Il y a cette boule au ventre qui disparaît et vous libère, avec cette impression qu’enfin, la chance est avec vous.
Car elle a semblé vous fuir durant une partie de la saison?
On n’a pas toujours été gâté par l’arbitrage. On s’est senti lésé à plusieurs reprises, notamment lors de la finale aller perdue à Bocholt. Même nos adversaires ont admis que la manière d’arbitrer n’avait pas été équitable.
Il fallait être fort dans la tête pour se relever de ce revers…
On était dos au mur: il fallait gagner les deux matches suivants! On a évité de tergiverser en abordant super bien le retour. Dans notre salle, on a muselé Bocholt: 12-6 au repos! Malgré une panne offensive par la suite, notre succès 20-19 nous accordait un troisième duel décisif. Avec ce scénario fou: 30-30 à l’issue du temps réglementaire, 33-33 à la fin de la première prolongation et 3-37 après la seconde, avant 4-2 aux tirs au but!
Visé était-il prédestiné à devenir champion de Belgique?
Le début de saison a été compliqué. Il y avait le retour de blessés de longue date et l’arrivée de sept nouveaux. Jusque février, notre parcours a été en dents de scie. Puis, tout s’est mis en place et on a senti qu’on pouvait aller au bout.
Et sur le plan plus individuel?
Ma saison a été difficile. J’ai eu des blessures: fin octobre, une déchirure au pectoral qui me privait de tout tir; en février, il y a eu la cheville, avec six semaines d’indisponibilité. Avec l’inconvénient d’avoir du mal à me remettre dans le rythme alors que l’autre arrière droit du noyau, Vincent Bello, a été monstrueux toute la saison. Mais avec l’avantage aussi en ce qui concerne la première blessure d’avoir pu beaucoup bosser la défense; un atout!
Place au repos avant la préparation de la nouvelle saison?
J’ai encore un examen mardi, puis repos car je sens que j’ai besoin de souffler, je n’ai pas beaucoup dormi ces derniers temps entre école, matches et entraînements. D’ici la reprise au club le 25 juillet, je garderai la forme: du tennis, du padel! Il faudra être prêt dès le début de saison cette fois car l’année sera spéciale…
Justement, en janvier prochain, vous étudierez ou vous serez au championnat du monde?
Si je peux choisir, je vais au Mondial! C’est un objectif. On a eu un peu de chance avec la sanction infligée à la Russie, qu’on devait rencontrer, qui nous a qualifiés d’office. Une opportunité à saisir! J’ai envie d’y être, ça trotte dans un coin de ma tête mais il y a de la concurrence. On est près de 40 joueurs en présélection et seuls 18 seront dans le noyau définitif! À mon poste, c’est très jeune: il y a un 2001 et un autre 2000, comme moi! Il y a un truc à faire. Avoir pu travailler ma défense cette année est un atout, mais je vais devoir retrouver mon niveau de hand sur le plan offensif.
Votre intégration réussie à Visé doit permettre cela, non?
En revenant en Belgique, j’ai trouvé ce que je recherchais: un club familial, qui ressemble à Tournai, et ambitieux! Cette mentalité à la belge m’a beaucoup manqué en France.
Choisir Visé, c’était aussi pour vos études de kiné à Liège…
En France, j’ai bouclé un cursus en coaching sportif mais je ne me voyais pas là-dedans et la kiné a toujours été ce que j’ai voulu faire. Hand et études, tout se combine à Visé!
Même si l’un peut empiéter sur l’autre à certains moments…
Ça reste la difficulté des étudiants sportifs en Belgique. Je sais d’avance que j’aurai une seconde session en août avec deux-trois examens à refaire. Physique par exemple, placé le lendemain de la finale aller à Bocholt! Un retour à Liège à plus de minuit, un peu de révision jusqu’à 4h pour un lever trois heures plus tard, il y a mieux! Mais ça fait aussi un peu partie du jeu (rires).
Votre réussite rend en tout cas fière votre région natale…
Le jour de la belle, famille et amis mélangés, il y avait plus de vingt personnes venues de Tournai. Et il y avait notamment les basketteurs de Kain que j’avais soutenus à Profondeville le jour de leur montée en R1. Tout ce petit monde a fait beaucoup de bruit, emmené par mon frère Achille; c’était super sympa à voir!