Tentative de meurtre ou coup de folie à Silly?
Un tireur sportif perd la tête et, se sentant menacé, tire en direction d’un homme. Il est poursuivi pour tentative de meurtre.
Publié le 26-11-2022 à 06h00
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La soirée du 28 mars 2021, Dylan (prénom d’emprunt) était chez son beau-père, avec d’autres membres de la famille. Le prévenu, son beau-père et un oncle par alliance décident d’aller chercher des frites, lorsqu’ils tombent sur un groupe de personnes en train de se bagarrer. Un témoin appelle à l’aide, ce qui encourage le prévenu à s’arrêter. La situation s’envenime rapidement: l’oncle du prévenu est poussé au sol. Ils décident donc de rebrousser chemin et de rentrer, sans leurs frites…
À peine quelques minutes plus tard, Dylan repère l’un des véhicules impliqués dans l’altercation en face de chez son beau-père. Pris de panique, il s’empare d’une arme de poing et tire en direction du véhicule de la victime. La balle transperce le pare-brise arrière de la voiture, ainsi que le pare-soleil avant, à 8 cm de l’appuie-tête. La victime n’a pas été touchée, mais les conséquences auraient pu être dramatiques.
Le prévenu ne conteste pas les faits, mais les regrette amèrement. "Je suis un tireur sportif, explique-t-il à la barre. J’ai un permis de détention d’armes. Je me déplace avec mes armes car j’ai peur qu’on me les vole. Il faut savoir qu’avec ma compagne, nous étions en train de faire construire notre maison et qu’en attendant, nous étions logés à Lessines, dans une rue un peu hostile. Je préférais donc garder mes armes dans mon véhicule." Si Dylan a initialement déclaré que la victime l’avait menacé avec une arme, il est revenu sur ses déclarations à la barre. "Il n’était pas armé. J’étais stressé et j’ai inventé cette histoire sous la panique. Le soir des faits, j’ai eu peur pour ma famille. J’ai pensé qu’il m’avait suivi. Je regrette les faits ; je ne comprends pas ce qu’il m’a pris. Je voudrais revenir en arrière. "
La partie civile, qui s’est vue mourir, réclame un dommage moral de 5 000 €, ainsi qu’un dommage matériel d’1 € provisionnel.
Le procureur du roi requiert quant à lui une peine de prison de 5 ans à l’encontre du prévenu.
« Il est horrifié par son geste »
L’avocat de la défense est persuadé que Dylan n’avait pas l’intention de tuer son adversaire. "On peut imaginer que la victime ait suivi Dylan pour en découdre et je pense que c’est ce que mon client a pensé à ce moment-là, affirme l’avocat. Il y avait peut-être de quoi s’inquiéter, c’est vrai, mais pas au point de réagir comme il l’a fait. " Tous les témoins disent qu’après le coup de feu, Dylan "était comme dans un état second". "Il a d’ailleurs inventé une histoire par honte de ce qu’il avait fait. Il réalise que son geste est inadmissible. Ce sont 30 secondes d’égarement qui vont bouleverser sa vie et qui auraient pu mettre fin à une vie. " Le prévenu n’est pas connu de la justice ; il est marié, père de famille, et a un travail fixe. "Il a compris son geste et en est d’ailleurs horrifié. Je ne vois pas ce que la prison pourrait lui apporter ", a conclu l’avocat qui a plaidé pour une peine assortie d’un sursis simple ou d’un sursis probatoire.
Le jugement sera prononcé le 22 décembre.