Le professeur offrait du cannabis à des jeunes
L’ancien professeur de religion reconnaît avoir offert de la drogue à des mineurs d’âge. Il conteste, par contre, avoir téléchargé des images pédopornographiques.
Publié le 01-12-2021 à 06h00
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En juin 2018, l’affaire avait fait grand bruit à Péruwelz… On apprenait qu’un professeur de religion et de citoyenneté dans l’enseignement communal primaire de Péruwelz avait été interpellé et ensuite privé de liberté pour avoir détenu, facilité l’usage et offert des produits stupéfiants à des mineurs.
«Des moments d’échange, de partage et de discussions»
Des faits que l'homme a reconnu, ce lundi, à la barre du tribunal correctionnel de Tournai. Il a ainsi invité à plusieurs reprises des jeunes âgés de 13 à 16 ans et leur a offert du cannabis ainsi que du poppers, qu'ils consommaient ensemble… sur son lit. "Tout a commencé lorsque l'un des jeunes a été retrouvé, par un éducateur de son école, en possession de cannabis, rappelle le substitut du procureur du roi. Le jeune a expliqué qu'il avait obtenu les stupéfiants auprès du prévenu." Et ce n'est pas le seul mineur d'âge à avoir profité des stupéfiants offerts par le prévenu. "Pour mon client, il s'agissait de moments d'échange, de partage, de discussions avec ces jeunes, explique l'avocat du prévenu. Il n'y avait aucune intention malveillante dans son chef. Il n'a pas contraint ces jeunes, on parlait, on fumait, on sniffait… mais aujourd'hui, il reconnaît qu'il s'agissait d'un comportement contraire à la morale."
La Ville de Péruwelz, le pouvoir organisateur de l'enseignement communal, s'est constituée partie civile estimant avoir été une victime collatérale de la médiatisation de cette affaire et des agissements du professeur qui exerçait dans 7 des 9 écoles communales de l'entité. "Mes clients ont pris connaissance de l'affaire via la presse, et se sont retrouvés face à des parents inquiets et paniqués, déplore l'avocat représentant la Ville de Péruwelz. Ils se sont aussi sentis trahis par rapport à la confiance qu'ils accordaient à leur profession de religion qui se doit normalement d'être d'une morale irréprochable…"
«Pas un dérapage isolé»
Le professeur a directement été écarté après son interpellation. "Pour le qualifier, l'un des jeunes parle d'un "mélange entre un dealer et un ami", ajoute-t-il. Il explique qu'il avait eu le prévenu comme professeur de religion en primaire, et que ce dernier l'a demandé comme ami sur Facebook avant de discuter via Messenger. Il a ensuite été invité à aller chez le prévenu qui lui a proposé de fumer un pétard avec lui. Un autre dit s'être rendu chez le prévenu à une vingtaine de reprises; on ne peut donc pas parler d'un dérapage isolé!"
Mais encore plus grave… Au cours de l'enquête, les policiers découvrent également la présence d'images à caractère pédopornographique dans l'ordinateur et le disque dur externe du Péruwelzien. Il conteste haut et fort avoir téléchargé de tels fichiers. "Mon disque dur externe, je l'ai acheté en deuxième main, et il est donc possible que les images aient été téléchargées par le précédent utilisateur, se défend l'ancien professeur. Quant à mon PC, un ami y avait accès librement, et a donc aussi pu consulter de tels sites… Ce dernier a d'ailleurs été inquiété par la justice pour des faits relatifs à la détention et au partage d'images pédopornographiques."
Des explications qui ne satisfont pas le procureur du roi qui s'interroge sur une possible attirance du prévenu pour les enfants. "Qu'il invite les jeunes à fumer sur son lit, cela pose question… Le rapport de l'UPPL relève également que le prévenu nierait inconsciemment une attirance envers les jeunes hommes…"
«Je ne suis pas un prédateur sexuel ou un pédophile»
Sur ce point, le Péruwelzien s'insurge. "Oui, j'aime les enfants et c'est pour cela que j'ai animé des camps de jeunes pendant des années, que j'ai exercé le métier de professeur mais je ne suis pas attiré par les enfants. Je ne suis pas un prédateur sexuel ou un pédophile! Je ne peux pas laisser sous-entendre tout cela…" Son avocat relève également qu'après avoir côtoyé de nombreux enfants (à l'école, à la chorale ou dans les mouvements de jeunesse), aucun d'entre eux n'a fait état de comportements déplacés dans le chef du prévenu.
Une peine de 3 ans de prison, assortie d'un sursis probatoire, a été requise. Le prévenu quant à lui sollicite son acquittement pour les faits de mœurs et une suspension du prononcé de la condamnation pour les stupéfiants. "Mon client n'a pas attendu ce procès pour être jugé… Il a déjà eu droit à son jugement sur la place publique depuis juin 2018 et le début de la médiatisation de cette affaire, relève son avocat. Il a également déjà passé deux mois en prison, en détention préventive."
Le jugement sera prononcé le 3 janvier.