Des mules financières démasquées à Mouscron
Des jeunes sont contactés en rue pour remettre leur carte bancaire à des inconnus en échange d’une commission
- Publié le 01-06-2023 à 11h00
:focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/OXRRRRU6BFF7BKGUVZ4OZ6AWNY.jpg)
Une affaire de mules financières s’est invitée à la barre du tribunal correctionnel de Tournai. Sept prévenus. Aucun n’était présent mais deux étaient représentés par un avocat. Le dossier remonte à 2019 et implique des jeunes issus de la région de Mouscron et de Courtrai.
Ces mules, ce sont souvent des jeunes qui sont contactés en rue comme dans le cas présent ou en ligne pour remettre leur carte bancaire à des inconnus en échange d’une petite commission et sur le compte desquels des sommes probablement détournées ou en tout cas douteuses transitent.
Plus de 24 000 €
Dans ce cas, Sullivan (prénom d’emprunt) avait remis sa carte bancaire avec ses accès à un copain de classe. L’avocate de Sullivan, partie civile dans ce dossier, ne sait pas pourquoi son client s’est montré imprudent. Le jeune homme voulait-il percevoir de l’argent sale ? La présidente soutient qu’il a pu prêter son compte pour des raisons peu glorieuses mais son avocate assure qu’on ne peut pas lui imputer cette intention. Le fameux copain de classe, lui, n’est pas poursuivi.
Quoi qu’il en soit, beaucoup de mouvements suspects avaient été observés sur le compte de Sullivan, pour un montant total de 24 550 €. Plus précisément des virements au profit des sept prévenus.
"Les prévenus ont été abordés dans la rue afin de gagner de l’argent facilement. En échange de la remise de leur carte et du code pin, ils recevaient des sommes sous forme de commissions, a expliqué la partie civile. La banque avait annulé ces virements tandis que certains prévenus ont remboursé les sommes. D’autres ont placé l’argent sur des comptes non identifiables. Ils connaissaient l’origine douteuse des fonds".
La question de la qualification a aussi été posée: blanchiment ou fraude informatique ? Pour le procureur, les prévenus n’ont rien dissimulé. Il penche pour la fraude informatique. Mais il s’est montré particulièrement clément.
"On leur reproche d’avoir prêté leur compte bancaire à d’autres personnes. Sont-ils coupables pour autant ? Un transfert d’argent d’un compte à un autre ne suffit pas à établir une quelconque culpabilité. Deux sont en aveux d’avoir prêté leur compte. Pour eux, je réclame un an. Pour les autres, je requiers l’acquittement. Je n’ai pas assez d’éléments".
La défense des deux prévenus a sollicité l’acquittement. "Mon client conteste à la fois le blanchiment puisque tout était tracé et la fraude informatique aussi puisqu’il n’y a pas eu de modification dans l’utilisation des données", a ainsi dit une des avocates.
Jugement le 27 juin.