Mouscron lutte contre le radicalisme par la scène, cette semaine

La lutte contre le radicalisme passe aussi par le théâtre. La Ville propose une pièce pour tous les publics, cette semaine, au centre culturel de Mouscron.

La pièce Tribulations d’un musulman d’ici est jouée pas moins de six fois en trois jours au sein du Marius Staquet ! Différents publics la visionneront dont un millier d’étudiants mouscronnois.

 Un spectacle seul en scène d’Ismaël Saidi issu de son autobiographie publiée.
Un spectacle seul en scène d’Ismaël Saidi issu de son autobiographie publiée. ©ÉdA

Les premiers ont pu l’apprécier ce lundi après-midi et le moins qu’on puisse écrire est que le public (et nous-même) ne prévoyait pas vraiment de s’engager sur tel terrain.

On aurait pu s’attendre en effet à la volonté de faire comprendre une culture. C’est le cas… mais on se retrouve aussi face à un Musulman qui ne comprend pas toujours lui-même les incongruités de sa propre religion.

"Le pouvoir des mots et la puissance de la narration"

Un moment de partage éclairant proposé par un seul en scène d’Ismaël Saidi racontant le parcours de ses parents partis du Maroc pour Bruxelles "parce qu’il y avait du travail partout en Europe, à l’époque". et l’accueil froid à l’hôtel de ville.

 Après la représentation, l’auteur de la pièce, Saidi Ismaël, et Michaël Privot, islamologue, ont répondu aux questions.
Après la représentation, l’auteur de la pièce, Saidi Ismaël, et Michaël Privot, islamologue, ont répondu aux questions. ©ÉdA

Une capitale où il est né et a grandi, la circoncision "avec ma mère heureuse qu’on ait charcuté son fils de six ans !", sa fréquentation d’ "une école arabe" puis d’ "une école communale laïque" mais aussi l’impression de ne pas être chez lui, à Tanger, en retournant chez les proches pour les vacances – "Le sentiment d’être un étranger, en étant membre de la famille"… Il abordera encore son amour pour Jean-Jacques Goldman et l’incompréhension de sa religion à lui interdire d’écouter de la musique, artiste qui lui écrira d’ailleurs après avoir eu vent de son parcours…

 L’œuvre n’a pas eu de mal à captiver son public, dès ce lundi.
L’œuvre n’a pas eu de mal à captiver son public, dès ce lundi. ©ÉdA

Il touchera par l’amitié de "Madame", sa voisine du dessus, puis évoquera son entrée ardue à la police – "Les patrouilles avec la merguez" – puis Alexandre Dumas lui ayant donné le goût de la lecture puis de l’écriture, "le pouvoir des mots et la puissance de la narration" comme moteur.

Tout un parcours au travers duquel des rires fuseront puis des silences lourds de sens…

Un prolongement éclairant par un question/réponse

M. Saidi développera encore son positionnement oscillant entre certitudes et incompréhensions durant le moment d’échanges avec le public, accompagné sur scène par l’islamologue liégeois Michaël Privot, lui-même devenu Musulman à 19 ans, "durant une recherche spirituelle. C’était bien avant les événements du 11 septembre 2001, quand c’était considéré comme une"espèce sympathique", que ça ne posait problème à personne…"

 Jusqu’à mercredi, c’est un millier de jeunes des écoles de l’entité mouscronnoise qui seront éclairés.
Jusqu’à mercredi, c’est un millier de jeunes des écoles de l’entité mouscronnoise qui seront éclairés. ©ÉdA

A la question de savoir s’il a subi du racisme, il répond: "J’ai décidé de ne pas me souvenir de ceux qui m’ont fait tomber mais de ceux qui m’ont aidé à me relever" et dira qu’il prie, qu’il jeûne un mois par an, qu’il ne boit pas… ni ne mange halal "car c’est une grosse escroquerie !"

Il précisera encore qu’il est Musulman aujourd’hui mais qu’il pourrait tout aussi bien être bouddhiste demain. Rien n’est figé car "ce n’est pas ce que je suis mais ce en quoi je crois qui compte".

Tout cela pour résumer que ce "Belge marocain à la religion musulmane mais de culture judéo-chrétienne" est "une lasagne" en ce sens qu’il s’est "enrichi des autres".

Une façon remarquable de lutter contre ce radicalisme se diffusant insidieusement partout et tout le temps. Le rendez-vous est en effet programmé dans le cadre du projet communal FREROS (Formation Réseau Échange Radicalisme Orientation Solidarité), plan d’actions développé en matière de radicalisation à portée violente porté par le service Sécurité intégrale et intégrée de la Ville.

Représentation publique ce mercredi, à 20 heures. Apportez une denrée non-périssable à la Banque alimentaire en guide d’accès à la salle. Inscription obligatoire: 056 860 245 ou freros@mouscron.be

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