Une rue, une histoire à Mouscron: la rue Gustave Dequenne, en mémoire d’un martyr
Aux confins du Risquons-Tout et du Nouveau-Monde, la rue Gustave Dequenne, tout comme l’origine de son appellation, est méconnue de bien des Mouscronnois. Levons le voile sur cette discrète artère.
Publié le 21-02-2023 à 13h47 - Mis à jour le 21-02-2023 à 13h49
Jusqu’en 1950-60, le territoire mouscronnois cerné par la chaussée de Lille et les rues de Menin, du Nouveau-Monde et du Pignon Blanc est encore quasi "rural" ; ces grands axes étaient reliés par quelques sentiers, l’un d’eux assurant la jonction de la rue de Menin à la chaussée de Lille.
L’embouchure de cette dernière se transforme alors timidement en rue, que la commune décide de dénommer "Gustave Dequenne", en souvenir de ce résistant qui, sans être originaire de Mouscron, y a vécu et "œuvré" durant le conflit.
"Grand Louis", ce bon Belge

Bien avant l’invasion allemande, pressentant le péril que représentaient pour notre pays les espions circulant dans les territoires de l’Est, Gustave Dequenne, alors agent de la Société nationale des chemins de fer belges, décide de s’engager à repérer les espions ennemis. En mai 1940, il vient se réfugier à Mouscron en compagnie de sa famille, s’installant avenue Louis Desprets.
Refusant de reprendre son service au sein de la SNCB, Gustave Dequenne entre véritablement dans la résistance et participe à la création d’une section locale "Front de l’indépendance". Sous le nom de "Grand Louis", il s’occupe également de la rédaction et de la diffusion de la presse clandestine, ainsi que de l’hébergement et du passage de la frontière des prisonniers évadés des prisons allemandes et des agents du service de renseignements.
La famille Dequenne qui héberge alors une jeune juive allemande, verra les soldats ennemis faire irruption chez elle et emmener la jeune fille, tandis que notre résistant parvient à s’éclipser. Peu après cet épisode, Gustave Dequenne part s’installer chaussée de Lille, non loin de la Belle-Vue, se chargeant encore et toujours de faire passer les prisonniers.
Tombé sous les balles de la Gestapo
En 1944, Gustave Dequenne habite Anderlecht. Le 7 août, repéré ou dénoncé, il est suivi par un agent de la Gestapo en civil, avant d’être arrêté dans un temple protestant alors qu’il transmettait des documents au pasteur. Résistant à l’agent qui tente de le maîtriser, notre héros s’écroulera, la poitrine transpercée par une balle.
Il sera inhumé au cimetière de Saint-Gilles. Quelques mois plus tard, le 10 décembre 1944, une plaque commémorative est inaugurée en mémoire aux victimes tombées durant le conflit, dont Gustave Dequenne. Désireux de conserver le souvenir de quatre années de guerre et de résistance vécues à Mouscron par le résistant, le collège échevinal décidera dès 1950 d’attribuer son nom à l’une des artères proches de la chaussée de Lille.

Source: "Les rues de Mouscron", par Charles Selosse.