Une taverne et des salles d’exposition dans le château des Comtes à Mouscron : le projet est lancé
99,9% des Mouscronnois n’ont jamais mis un pied à l’intérieur du Château des Comtes. Une anomalie en passe d’être résolue.
Publié le 24-01-2023 à 06h13
L’hôtel de ville, le parc communal et son kiosque, dans une moindre mesure les églises et enfin, le Château des Comtes… à Mouscron, les éléments remarquables du patrimoine se comptent sur les doigts d’une main. "En comparaison avec d’autres villes, c’est peu. Donc on se doit de mettre en valeur ce patrimoine, de ne pas le délaisser", insiste Brigitte Aubert.
Après les travaux de la Grand-Place, les autorités s’attaquent à la restauration d’éléments remarquables de la cité des Hurlus.

L’hôtel de Ville ? En travaux depuis plusieurs années et proche de la phase finale. Le kiosque du parc ? En état de délabrement avancé, mais plus pour très longtemps puisque la commune compte intervenir.
Restait le Château des Comtes, un édifice remarquable érigé au XVe siècle (avant de connaître d’autres modifications au cours des siècles). "C’est le témoin le plus éloquent de l’histoire locale ", poursuit la bourgmestre. Brigitte Aubert connaît mieux que personne les spécificités de ce château puisqu’elle le distingue de sa fenêtre, tous les jours depuis plus de trente ans. "Je me souviens de l’incendie du 22 mars 1995, j’avais entendu un grand fracas depuis chez moi. Ça m’avait marquée."
Le Château des Comtes est inoccupé depuis 1969. Une éternité pour un tel joyau. Une anomalie aussi, qui sera bientôt de l’histoire ancienne. "On travaille sur ce dossier depuis plus de cinq ans", reprend la bourgmestre. "C’était souvent un pas en avant pour deux pas en arrière. Mais tout s’est accéléré avec la visite de la ministre De Bue en 2021."
La rénovation de l’édifice est inscrite au budget 2023. À ce titre, la Ville reste dans l’expectative et espère une enveloppe de plusieurs millions d’euros pour un projet subsidié "entre 60 et 80%, si tout va bien", anticipe Brigitte Aubert. Idéalement, la bourgmestre envisage un top départ des travaux avant la fin de l’année 2023, puisque l’enquête publique est terminée.
Rénover à l’identique
Les caractéristiques de ce chantier d’envergure ? Sur base des campagnes de fouilles qui ont mis en évidence les vestiges les plus anciens du château et d’une gravure datée de 1641, la Ville de Mouscron va créer une taverne et plusieurs espaces d’exposition qui retraceront toute l’histoire de l’édifice. "Il faut d’abord stabiliser le corps de logis, dont trois pièces seront reconstituées, en respectant scrupuleusement les plans en notre possession, puis aménager la taverne ainsi qu’une cuisine au rez-de-chaussée, une exposition au 1er étage et mettre en valeur, dans les combles, la charpente et la reproduction de la gravure conservée aux archives communales."
À l’extérieur, on parle de reconstruction partielle ou totale. Des murs de soutènement des douves, mais aussi de bâtiments définissant le château au XVe siècle (traces de l’ancien donjon, d’une ancienne tour d’angle, d’une tourelle et d’un pont-levis). "On souhaite aussi aménager des terrasses qui pourront offrir un vrai plus pour le tourisme, notamment après une halte au Centre Marcel Marlier ou une promenade le long du sentier qui entoure le château", conclut la bourgmestre. Pour qu’enfin, le public puisse avoir accès à ce lieu remarquable…
« Donner enfin l’opportunité de le visiter »

"Quand une commune envisage de débloquer une belle enveloppe pour conserver son patrimoine, les pouvoirs subsidiants doivent réagir. Vu le contexte financier de plus en plus incertain, nous ne pourrons peut-être plus projeter autant d’ambition dans cinq ou dix ans ", estime Brigitte Aubert.
Le sous-entendu est à peine dissimulé et ressemble à un appel du pied. La Ville de Mouscron veut redonner ses lettres de noblesse au Château des Comtes et elle compte bien ne pas le faire seule. "L’édifice mérite toute l’attention qu’on lui porte. Qu’on ait enfin l’opportunité de le restaurer et de l’ouvrir aux visiteurs, j’en rêve depuis trente ans."
Tous les travaux urgents de consolidation ont été menés avec brio. Ils permettent d’envisager la suite du chantier avec optimisme. "Il fallait aussi prévoir des espaces judicieux, trouver le bon compromis entre la partie exposition et la taverne. Mais il est clair qu’on ne veut pas d’un débit de boisson quelconque. Il faut un établissement qui respecte à 100% l’identité du lieu." Et qui peut le faire basculer dans une autre dimension, alliant patrimoine et convivialité.