Mouscron : cinq ans et 32 bières plus tard, la brasserie Vivement Dimanche met la clé sous la porte
L’établissement n’a pas survécu au contexte économique. Jules Debaes préfère arrêter les frais et tourne la page de la brasserie, déçu de ne pas pouvoir prolonger l’aventure, mais fier d’avoir conçu 32 bières en moins de cinq ans.
Publié le 18-01-2023 à 12h15 - Mis à jour le 19-01-2023 à 11h41
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/DK4MATU25BEAPLZR74BZEY6G2A.jpg)
Tout avait commencé en 2018, par le biais d’un financement participatif. "En partant de zéro, mon ancien associé et moi avions pu récolter 18 000 euros pour lancer la brasserie", se souvient Jules Debaes. "L’idée était de croître assez rapidement pour avoir une entreprise rentable. Mais depuis 2018, nous n’avons pas vraiment été épargnés."
La crise du coronavirus, la hausse des coûts énergétiques et l’inflation ont plombé une brasserie (et un bar) qui offrait pourtant un concept nouveau dans le paysage brassicole de la région. "On ne voulait pas monter une brasserie pour produire une blonde, une brune puis une ambrée et se frotter les mains ensuite. Les gammes fixes ne nous intéressaient pas, elles sont déjà suffisamment répandues ailleurs. Chez Vivement Dimanche, on profitait des petites installations (des brassins de 400 litres) pour varier les plaisirs, au gré de nos envies du moment", poursuit le Mouscronnois.
Résultat ? En moins de 5 ans, 32 bières sont sorties des cuves de la brasserie hurlue. Certaines sont issues de collaboration avec des établissements locaux comme la bière Triple Hurlu pour le comedy club de Fabian Le Castel, celle destinée à l’épicerie En Vrac ou à la troupe des Facteurs d’amour, d’autres avec des adresses plus lointaines. C’était le cas pour la Volle Petrol, brassée ponctuellement pour un café bruxellois.
« Je me suis amusé et j’ai beaucoup appris »
L’intérêt de ce fonctionnement, pour Jules Debaes, était de "proposer un concept différent", un tableau de bières éphémères qui se sont succédé aux pompes du bar aménagé dans les locaux de la brasserie, "si bien qu’on ne savait plus à la fin, s’il s’agissait d’un bar aménagé dans une brasserie ou d’une brasserie installée dans un bar", précise notre interlocuteur. "On a développé beaucoup de bières qui dépassaient à chaque fois le stade de l’expérimentation."
Louable, cette évolution permanente coûte aussi de l’argent. En recherche d’ingrédients locaux et de qualité, en conception d’une recette qui fait mouche et d’une nouvelle étiquette à chaque nouveau breuvage. L’exigence a un prix. "Quand on rajoute le coût de la vie en 2023, c’est difficile de s’en sortir. La différence entre le chiffre d’affaires et les coûts de production devenait infime. Ces derniers mois, j’ai beaucoup travaillé pour rien, comme plein d’autres indépendants", confie encore le Mouscronnois.
Tant et si bien qu’il était temps de dire stop, avec un peu de déception mais une pointe de fierté. "Je me suis amusé, j’ai beaucoup appris aussi. Je suis heureux de savoir qu’une bière qui porte un nom mouscronnois (la MSC Stout) se vend à Bruxelles. La bière a toujours été ma passion, j’espérais pouvoir en vivre. Je n’ai pas réussi avec Vivement Dimanche, mais je n’ai pas envie de mettre un point final à cette passion."