La gare de Mouscron: retour sur près de 200 ans d’histoire (images et documents d’archives)
Voici 180 ans était mise sur rails la station ferroviaire de Mouscron, 7 ans seulement après l’inauguration du premier tronçon belge reliant Bruxelles et Malines. Embarquement pour un sacré coup de " vapeur-rétro ".
Publié le 09-01-2023 à 06h00
Le 1er mai 1834. L’état belge décrète l’établissement d’un réseau de chemin de fer, dans le sillage de la toute première voie créée par l’ingénieur britannique Stephenson, reliant Stockton et Darlington.
Un an plus tard, le 5 mai 1835 précisément, le paysage rural brabançon, jusqu’alors baigné de quiétude, se voit traversé, comme nous l’écrit en 1890 de manière élégante l’historien local Alphonse-Marie Coulon, "par un monstre tapageur, de Bruxelles à Malines, glissant sur une immense et double tige de fer". Le premier chemin de fer continental est né, ouvrant rapidement la voie à deux autres tronçons: Malines-Anvers le 3 mai 1836, et Malines-Termonde le 2 janvier 1837.
Mouscron, dans le sillage des premières lignes

Une loi promulguée le 26 mai 1837 annonce la création de trois nouvelles lignes: Braine-le-Comte – Namur, Landen – Saint-Trond, ainsi que la section de Gand à Tournai passant par Thielt, Ingelmunster, Courtai et Mouscron.
C’est dans le courant du mois de juin 1840 que commencent les travaux de construction du chemin de fer sur le territoire mouscronnois, pour la section de Courtrai à Mouscron. Suivent à partir de mai 1841 ceux des sections Mouscron – Tournai et Mouscron jusqu’à la frontière française. Ces tronçons seront inaugurés et ouverts entre août et novembre 1842. Notons que la gare de Mouscron est la quinzième à être édifiée sur le territoire belge, après entre autres Bruxelles, Malines, Anvers, Ostende, Courtrai et Mons, mais avant Tournai, Charleroi, Namur, Verviers, Hasselt, Huy, Arlon, notamment.
Un essor fulgurant: jusqu’à 72 trains par jour

Le trafic ferroviaire transitant par Mouscron s’intensifie rapidement, tant côté voyageurs que marchandises. Et cela, suite au rattachement au réseau français, à la station de Tourcoing, qui permet, en quelques années, à Mouscron de se hisser parmi les plus importantes stations belges.
Si la création de la ligne de Tournai-Lille par Blandain prive la station du transit des voyageurs entre Berlin, Calais, Paris et Bruxelles, celle-ci conserve le précieux transport de laines entre la France, l’Allemagne et l’Amérique, se muant en station de transbordement. Mouscron réceptionne les matières premières d’Anvers, les décharge en France, d’où elles reviennent en étoffes en vue d’être expédiées en Allemagne, en Amérique, ou encore en Belgique même, dans ce cas soumises au droit de douane.
Pour donner une idée de cette évolution, entre 1870 et 1880, l’effectif douanier double littéralement, et en 1881, la station ferroviaire mouscronnoise accueille quotidiennement 72 trains, assurant le service jour et nuit !
Une nouvelle gare, dès 1872, puis un hangar

Après seulement 30 années d’existence, force est de constater l’exiguïté des locaux de la station qui font place en 1872 à une nouvelle gare, bien plus vaste. Située dans le " premier rayon de douane ", la gare ne possède pas d’étage, afin de faciliter la visite des marchandises.
Dix ans plus tard, en 1882, un autre bâtiment de 124 mètres sur 12, avec quai de déchargement, est à son tour construit, parallèlement à la rue du Phénix, composé d’un hangar et bureau pour les marchandises libres et d’un hangar pour les marchandises de douane, séparés par une salle de vérification pour les douaniers.
L’âge d’or de la gare de Mouscron se poursuivra dès lors, des années durant, entraînant la floraison du quartier de la gare, gorgé de commerces et d’animation.