Mouscron : le cricket pour rapprocher les mouscronnois et la jeunesse du centre Fedasil
Mercredi après-midi, les adolescents du Refuge se sont mêlés à la jeunesse mouscronnoise dans le parc communal pour leur faire découvrir un sport très populaire en Inde, au Pakistan et en Afghanistan.
Publié le 28-10-2022 à 10h32
"Le cricket dans notre pays, c’est comme le football ici", lance Tafsir. Mineur non accompagné (MENA) il y a quelques jours encore, Tafsir a désormais quitté l’aile MENA pour rejoindre les autres adultes du centre Fedasil de Mouscron. Mais il continue de pratiquer plusieurs fois par semaine ce sport très populaire dans son pays d’origine. À vrai dire, le demandeur d’asile joue au cricket dès qu’il en a la possibilité. "Quand je rentre des cours, on organise parfois des parties qui peuvent durer plusieurs heures." Comme une bouffée d’oxygène, une façon de ne pas se déconnecter totalement de sa vie d’avant.
Un moment de partage
Au Refuge, le cricket est un sport très populaire. La raison est simple. "Parmi les mineurs non accompagnés, on compte une grosse proportion de jeunes afghans. C’est aussi la communauté la plus représentée chez nous", indique le sous-directeur du centre Mouâd Salhi. Importé par l’Angleterre en Inde, le cricket s’est aussi étendu dans les pays voisins, dont le Pakistan et l’Afghanistan.

Dans le centre d’accueil de Mouscron, les MENA occupent une place importante. Ils participent à de nombreuses activités mises en place par le Refuge. Mais leurs parties de cricket au parc communal sont nées spontanément. "On a eu des remarques de personnes seules qui, passant dans le parc, ne se sentaient pas à l’aise au moment de croiser plusieurs hommes qui jouent avec des battes en main. Ce sont des adolescents ou des jeunes adultes qui pratiquent leur sport favori, rien d’autre. Ces craintes ont servi de base à l’action que l’on organise ce mercredi", poursuit le sous-directeur du Refuge. "On veut amener les MENA du centre et les jeunes mouscronnois à se rencontrer, à créer des liens. L’objectif secondaire est aussi de responsabiliser nos jeunes résidents à discuter, former ou inculquer les secrets de leur discipline aux jeunes d’ici. "

Au parc communal, le foot reste le roi. Pas évident de mettre le grappin sur des ados qui ne parlent pas la même langue et ne pratiquent pas le même sport. "C’est la première initiative d’un réel moment de rencontre autour du cricket. À nous, personnel du Refuge, de faire le lien entre les demandeurs d’asile et les Mouscronnois."
Avec la possibilité d’organiser plusieurs moments d’échange au parc communal ? "Pourquoi pas. Il y a cette barrière de la langue qui subsiste. Mais d’expérience, on sait que le sport est l’un des meilleurs instruments pour rapprocher les gens et aller au-delà des clichés ou des préjugés qui sont souvent à l’opposé de la réalité. Le plus important, c’est l’échange. Cette journée est justement propice à cela."
"Les gens viennent pour nous voir jouer et pour essayer. On leur explique les règles", indique Fatsir.
Certains badauds passent leur chemin, d’autres s’arrêtent, regardent quelques instants ce curieux spectacle, puis s’en vont. Et parfois, quelques riverains brisent la glace pour en savoir plus.
Les règles du cricket peuvent laisser perplexe.
Alors le mieux, c’est de pratiquer. Jeune mouscronnois, Matia a rejoint les résidents du centre Fedasil mercredi après-midi. "J’avais déjà appris à jouer avec Abdullah, un MENA que l’on accueille chez nous. On s’entraînait un peu mais ici, ça tape plus fort", lance l’adolescent. "C’est bien de pouvoir jouer avec eux. On partage un bon moment."
Cette initiation sert aussi à dissiper les craintes autour des regroupements de jeunes demandeurs d’asile dans l’écrin de verdure de la cité des Hurlus. "On a besoin de place pour jouer, on en a trouvé au parc", reprend Fatsir. En laissant la parcelle enherbée aux footballeurs ou aux autres disciplines.