Mouscron : Anaïs Callens dans l’ombre de Cali, Étienne, Johnny…
La Mouscronnoise a l’art de prendre les artistes sur le vif, avec un joli dialogue comme rendu final.
Publié le 18-08-2021 à 06h00
Dans la famille Callens, on aime figer les souvenirs. Le papa était l'imprimeur jouxtant le Marius Staquet. «Son travail d'impression était essentiellement tourné vers la culture. Aujourd'hui, l'imprimerie est toujours là, c'est mon frère qui a repris l'affaire. Le premier a fait de l'offset, le second a suivi l'évolution et il a fait le bon investissement au bon moment en passant au numérique. Mon papa a pris sa retraite, même s'il n'est pas un jour sans qu'il ne descende dans l'atelier, sourit Anaïs Callens. Beaucoup d'artistes venaient à la maison et nous allions également dans leurs ateliers. De là est venue ma passion pour l'art. Alors que mon frère est allé à l'institut Saint-Luc, je suis donc partie étudier à l'académie des Beaux-Arts de Tournai après le collège Sainte-Marie.» Une licence puis une agrégation avec une finalité multimédia permettront à la Mouscronnoise d'être embauchée dans la boîte de communication hurlue Dicton. C'est là que le déclic photographique se produit. «J'y ai travaillé en PAO (Publication assistée par ordinateur) puis au web. Dicton m'a ensuite payé une formation en photographie, à Paris, afin d'étoffer les compétences de la boîte dans les différents services à fournir.»
Tout commence avec Elli Medeiros
Un enfant puis un second imposeront à Anaïs de faire des choix. «Après un passage de 5 ans en webdesign chez Damart, je suis aujourd'hui professeure aux Beaux-Arts et indépendante complémentaire, j'ai lancé ma boîte de com'en 2004, www.comm-ca.be.» Les temps libres qui lui restent, elle les occupe en shootant des concerts. «La toute première fois, ce fut avec Elli Medeiros, à Paris. J'aimais bien la personne et, graphiquement, elle est atypique. J'ai simplement demandé à pouvoir photographier un concert et cela a été accepté. Elle était facile d'approche…»
«Ah la petite Belge!»
Mais l'entourage proche d'Anaïs l'associe surtout à Étienne Daho. «Je devais avoir 15 ou 16 ans lors de mon premier concert avec lui qui a immédiatement débouché sur une première rencontre. Il m'a dit où j'étais dans la salle, il visualise son public, ça m'a impressionné. Au fil des rencontres, il me reconnaissait en me disant «Ah la petite Belge!» Je lui ai toujours dit que je souhaitais le photographier. Après un concert, il m'a dit «Tu viens demain au concert de Compiègne!» Ce n'était pas la porte d'à-côté… J'ai dit que j'étais d'accord si je pouvais le photographier et il a accepté, validé les clichés et même utilisé l'un d'eux pour la pochette du DVD.» Ainsi naquit une confiance entre les deux artistes. «Il utilise certains clichés pour sa page Facebook mais il n'en a jamais fait une exploitation commerciale à mes dépens, j'ai pu gérer moi-même la vente de mes photos de lui, comme pour le magazine Elle. Étienne Daho est quelqu'un de très respectueux et bienveillant, c'est sain comme relation.»
Anaïs a souhaité immortaliser d'autres chanteurs. Le milieu étant relativement fermé, elle s'est approchée d'une agence flamande spécialisée dans les événements, Frontview, au sein de laquelle elle a pu prolonger son plaisir photographique. «Cela m'a permis d'allonger ma liste de différents artistes. En tant que Wallonne et frontalière, j'ai proposé à cette agence d'élargir son panel pour ses clients avec des artistes francophones et d'aller couvrir des concerts en France.»
De ses clichés émanent notamment de très beaux clairs-obscurs. «Parfois il y a un superbe éclairage et parfois un réel manque de luminosité. J'aime alors aller chercher des solutions!»
Aujourd'hui, parallèlement à l'ouverture du studio photos et de son bureau de communication qu'elle inaugurera le dernier week-end d'octobre, chez elle, au 19, Waterkeer à Helchin, lors des portes ouvertes d'artistes – «Ce rendez-vous est une institution en Flandre. Tous les ans, on est allé visiter des ateliers en famille», elle espère pouvoir reprendre le chemin des concerts, l'appareil en bandoulière. «Mon dernier concert juste avant le Covid, ce fut Alain Souchon en février 2020. Depuis, c'est le calme plat. Les concerts reprennent mais quand je vois les scènes avec une bulle et les gens assis, ça ne me fait pas encore rêver…»