L’agriculteur mis en cause par la Ville de Leuze dément avoir bloqué un chemin public à Grandmetz (photos)
Patrice Rosier conteste avoir entravé le sentier n°21, qui relie les rues Émile Albot et Dameries. "Son tracé initial rejoint la propriété… clôturée du fermier voisin. J’ai donc agi en toute légalité sur ma prairie", clame-t-il.
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Publié le 13-05-2023 à 06h00
L’arrière-petit-fils du fondateur des Engrais Rosier est particulièrement remonté. Depuis son pavillon de chasse dominant de grandes plaines agricoles, à cheval entre Moustier (Frasnes) et Grandmetz (Leuze), Patrice Rosier se dit injustement pointé du doigt par la Ville de Leuze. Cette dernière l’accuse de s’être approprié un sentier public en bloquant, par d’imposants troncs d’arbres, l’un de ses accès.
Le chemin en question (n°21), situé à Grandmetz, relie sur environ 1 km les rues Émile Albot et Dameries.
Le différend pourrait aboutir devant les tribunaux si les deux parties ne trouvent pas un terrain d’entente. L’agriculteur et important propriétaire terrien, dont une partie des cultures sont traversées par le sentier 21, dément avoir agi illégalement.

Se référant à un plan de 1840 repris à l’Atlas des chemins vicinaux, Patrice Rosier nous montre que son tracé ne débouche pas sur sa prairie mais sur le terrain… clôturé entourant les bâtiments du fermier voisin. Ce détournement des 30 derniers mètres de l’itinéraire d’origine remonterait à des dizaines d’années.

"L’Atlas des chemins vicinaux, c’est l’ABC pour toute personne désireuse de connaître l’existence ou l’itinéraire d’un sentier. En aucun cas je ne me suis accaparé le chemin 21, qui est impraticable pour les marcheurs. Depuis 30 ans, je n’ai jamais vu une seule personne le parcourir. Ici, on voit très clairement qu’il a été entravé à son extrémité par ce propriétaire, au moyen de deux barrières. La Commune de Leuze se trompe donc de cible", assure le Leuzo-Frasnois.

"Cette prairie, je suis en droit de la fermer car la parcelle est privée. Mon père y avait créé une sortie en 1950 afin de débarder les arbres du bois implanté à proximité. Il avait alors clôturé l’entrée des terres au moyen d’une chaîne attachée à deux pilastres de 350 kg. Ce passage est resté fermé pendant 70 ans. "
Des troncs d’arbres face au vandalisme à répétition
Placer de gros troncs d’arbres à l’entrée d’une parcelle, la manœuvre a de quoi interpeller. Mais si l’exploitant agricole et sylviculteur bien connu dans la région a dû employer la manière forte voici plus d’un an, c’est pour contrecarrer les "agissements" du fermier voisin.

"Ce monsieur a mandaté une entreprise qui est intervenue avec une grue afin d’arracher les bornes et la chaîne qui protégeaient l’entrée de mon terrain. Il voulait s’assurer que l’on ne passe pas par chez lui en ouvrant ses barrières. C’est grâce à une caméra installée sur ma propriété que j’ai pu constater les faits. J’ai posé ces troncs d’arbres car je ne peux pas indéfiniment accepter que l’on vandalise mes installations. "
Cette dégradation n’est effectivement pas un cas isolé si l’on en juge par les documents exposés par Patrice Rosier, faisant état de bris de chaîne à répétition depuis plusieurs années.
Une plainte déposée à la police
Pour les derniers faits en date, une plainte a été déposée, le 4 avril 2022, auprès de la zone de police Belœil-Leuze. "Je m’engage néanmoins à abandonner les poursuites si cet habitant de Dameries remet la clôture en place."
Sur le faux panneau "voie sans issue" fixé au début du sentier 21, côté rue Émile Albot, M. Rosier conteste toute responsabilité. "Ce n’est pas moi qui l’ai fabriqué et installé."
La circulation des usagers faibles sur ce chemin de campagne, reconnu comme une servitude de passage publique (sur assiette privée), "ne me dérange pas fondamentalement. Je n’ai jamais refusé l’accès à qui que ce soit ", affirme notre interlocuteur, issu d’une famille d’agriculteurs depuis 1650.
"Tous ceux qui me connaissent savent que je suis une personne conciliante, amoureuse de la nature (NDLR: il plante entre 300 et 500 arbres par an !) et un fervent défenseur de la mobilité douce."
"Un acte maladroit" au sentier de Québelette (Houtaing)

Du côté du chemin n°16 à Houtaing, où Patrice Rosier possède aussi des champs, il fut la cible de critiques pour avoir entravé son entrée, rue Québelette, avec une chaîne.
L’agriculteur reconnaît une maladresse sur cette portion qui appartient à la Commune d’Ath: "Les 150 premiers mètres sont publics, puis on entre sur des parcelles privées."

Il soutient avoir agi de la sorte afin d’empêcher les nombreux dépôts sauvages. "J’ai pensé agir en bon citoyen et faire plaisir à tout le monde en plaçant, il y a 2 ou 3 ans, une petite chaîne sans cadenas. Depuis, elle a été enlevée suite à l’intervention des autorités compétentes. J’en ai fait de même plus loin avec une barrière mise en place, il y a des décennies, par l’ancien propriétaire du bois d’Houtaing. Mon intention était de dissuader les véhicules qui, la nuit, venaient déverser des immondices dans cette zone boisée dépourvue d’éclairage. Tous les 15 jours, je devais évacuer des quantités énormes d’encombrants avec une remorque. C’était fou !"