Tribunal: Le dentiste a-t-il extrait des dents aux chevaux à Leuze-en-Hainaut?
Un dentiste équin est poursuivi pour l’exercice illégal de la médecine vétérinaire. On lui reproche d’avoir retiré les dents des chevaux.
Publié le 21-05-2022 à 06h00
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Un Leuzois d’une trentaine d’années a fait opposition à un jugement prononcé le 13 janvier dernier, qui le condamnait à 1 an de prison pour une série de préventions. Le tribunal lui reproche l’exercice illégal de la médecine vétérinaire – il aurait extrait des dents de loup aux chevaux –, mais aussi d’avoir anesthésié ces chevaux en utilisant des produits analgésiques. Le dentiste équin conteste toutes ces préventions. " Je n’ai jamais endormi aucun animal ", a-t-il affirmé à la barre. " Je n’ai par ailleurs jamais extrait de dents aux chevaux. Il faut savoir que les équidés ont les dents qui poussent continuellement. Certaines pointes peuvent blesser leurs joues. En tant que dentiste équin, mon travail est de limer ces pointes des dents pour soulager l’animal. En ce qui concerne les dents de loup du cheval, il s’agit de petites dents qui poussent parfois à l’endroit où l’on pose le mord. Si c’est le cas, il faut les enlever, car elles peuvent gêner l’animal.Je ne suis jamais intervenu sur ces dents; j’ai toujours fait appel à un vétérinaire. " Des seringues présentant des traces d’analgésiques ont été retrouvées chez le prévenu, mais ce dernier s’en explique: " J’ai deux casquettes: je suis dentiste et marchand de chevaux.Quand un cheval est vendu, il est vu par un vétérinaire, qui souvent lui administre une dose de calmant pour le détendre avant son départ.Ces seringues sont jetées dans un bac prévu à cet effet. Je n’aurais peut-être pas dû, mais, par souci d’économie, je les récupérais pour y introduire de l’huile nécessaire à l’entretien de mon matériel de dentiste. "
«Un dossier à charge»
L’avocat du prévenu précise que le dossier a été " monté à charge " par l’Afsca, après le vol du véhicule du prévenu, en mars 2016. " L’Union professionnelle des vétérinaires a lancé une série de procédures contre les dentistes équins, qui ne sont pas reconnus en Belgique", indique la défense. "Son travail doit se limiter à de l’entretien habituel, tel que le détartrage, le nettoyage, ou encore l’extraction des dents de lait qui ne présentent pas de racines. Le dentiste équin ne peut par exemple pas pratiquer d’intervention qui amputerait ou blesserait un membre sensible de l’animal." La défense a insisté sur le fait que " seuls les professionnels du milieu peuvent faire la distinction entre les dents de lait et de loup ".
"Les éléments du dossier, et notamment un témoignage, nous permettent de définir que mon client n’a jamais extrait de dents autres que des dents de lait, ou administré des tranquillisants aux animaux. " L’avocat a plaidé en faveur de l’acquittement de son client à titre principal, et de la suspension du prononcé à titre subsidiaire.
Le substitut du Procureur du Roi n’était pas du même avis. " Le GSM de Monsieur a été analysé: nous avons retrouvé des échanges de SMS qui permettent de démontrer qu’il a extrait des dents, mais aussi pratiqué des anesthésies sur ces animaux. Dans certains échanges, des spécialistes lui demandent de venir extraire des dents de loup, mais aussi de les dépanner avec une dose de calmant ." Le ministère public a requis la confirmation de la peine, soit un an de prison.
Le jugement sera prononcé le 16 juin.