BALLE PELOTE| «On rejouera bien un jour mais quand?»
Déjà privés d’un vrai championnat l’année passée, les pelotaris sont à nouveau confrontés à une vive incertitude concernant la nouvelle saison.
Publié le 24-03-2021 à 06h00
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/L7GZ3NCEKZERPKJVYFPKED5DMA.jpg)
Le climat général n’est pas à l’optimisme alors que, d’ici un gros mois, les pelotaris sont censés entamer les championnats. On est allé à Thieulain, sacré champion de Belgique 2019, pour sonder Tanguy Metayer, sacré meilleur joueur du pays dans la foulée.
Tanguy, si on vous rappelle qu’en théorie, le championnat débutera dans cinq bonnes semaines…
Je suis assez sceptique! La date du 1er mai me paraît un peu limite quand on constate la situation sanitaire du moment. Pour tout vous dire, je n’y crois pas trop! De peur sans doute de m’y accrocher et être déçu. Il n’y a aujourd’hui qu’une certitude: on va avoir d’office une saison qui n’aura rien de normal! Elle est déjà perturbée.
Vous parlez de cette préparation dépourvue de ses luttes amicales, toutes compétitions étant encore interdites en raison du virus?
Ce week-end, on aurait dû disputer nos premiers amicaux mais on ne peut le faire. On n’aura donc pas droit à la préparation que l’on a habituellement. Mais là n’est pas le plus embêtant. Ce sont les incertitudes régnant autour de la pratique de notre sport qui compliquent tout. Quand pourra-t-on reprendre les compétitions officielles? Et quand le championnat débutera-t-il? On est plus que jamais dans le doute. On part sur une reprise début mai comme la fédération le désire. En se disant que cette reprise pourra être reportée et qu’il faudra alors s’adapter car on n’a pas d’autre choix.
Quatre scénarios sont mis sur la table: le plus optimiste avec un championnat dès le 1er mai; le moins optimiste avec un début le 1er juin; le moins pessimiste avec un lancement le 1er juillet; le plus pessimiste avec pas de championnat du tout! Qu’en pensez-vous?
Comme je l'ai déjà dit, mai, je n'y crois pas trop! Juin sera un moindre mal et permettrait de vivre une belle saison malgré tout. Juillet, ça fera un peu tard avec une saison fort condensée sans les tournois; on serait privé de pas mal de choses! Mais l'essentiel sera de jouer. Tout le monde veut éviter une autre année sans vrai championnat (NDLR: l'an dernier, il y avait eu un Challenge Covid, une compétition qui avait permis aux clubs le désirant de jouer un championnat officieux mais Thieulain n'y avait pas participé). Le coup serait dur à encaisser.
Imaginez-vous une seconde année consécutive sans championnat?
Personnellement, non! Je me dis qu’on est encore loin de la date butoir. On est en mars et d’ici un bon mois, il y a encore pas mal de choses qui peuvent évoluer dans le bon sens.
Mais si ça ne va pas dans le bon sens… Sera-ce un drame pour une discipline comme la balle pelote qui, même sans la crise sanitaire, savait qu’elle devait se réinventer pour redevenir plus attractive?
Une deuxième année, ça ferait beaucoup de mal à notre sport car c’est ça qui attire les gens et suscite des vocations chez les plus jeunes. Ça pourrait aussi inciter certains joueurs et dirigeants actuels à laisser tomber! Je ne l’espère pas mais ça se pourrait. Avec le Covid, certaines personnes ont d’autres habitudes. En un an, elles ont eu le temps d’avoir d’autres occupations qu’aller à la balle le week-end. Chose qui prend du temps en fin de compte! Le danger est sans doute aussi là.
Justement, privé de balle durant de longs mois, comment avez-vous tué le temps de votre côté?
J’ai découvert le padel que je pratique chez Guillaume Dumoulin au Court 17 à Blicquy. Avec une saison de balle normale, j’aurais su y jouer 10 fois sur l’année, pas plus! Ici, j’en suis à 50! Cela me plaît beaucoup et je vais continuer mais ça ne remplacera pas la balle qui reste mon sport. Je le vois comme un complément, une alternative en cette période de crise sanitaire qui limite nos activités sportives.
Avec les restrictions en vigueur, comment faites-vous pour vous préparer à la nouvelle saison?
Depuis qu’on peut se retrouver à dix à l’extérieur, on se réunit en équipe, on s’entraîne malgré des températures qui restent fraîches jusqu’ici, mais on ne vit pas une vraie préparation qui se fera un peu plus tard que d’habitude et qui sera plus poussive une fois qu’une série de restrictions sera levée.
C’est un problème?
Non à partir du moment où la motivation est là! C’est le cas à Thieulain où on prend notre mal en patience. On s’adapte en se disant qu’un jour, tout redeviendra normal et qu’il faudra alors être prêt de suite.
Rester motivé sans savoir ce que demain sera fait n’est pas du tout évident; le risque est pour l’heure minime mais est quand même là: vivre une année sans championnat, comme il y a douze mois!
Et il faut composer avec. Pas le choix là non plus! C’est dur de s’y mettre sans un objectif réel, comme dans tout autre sport. On sait bien qu’on rejouera un jour mais à quelle date? On ne sait pas! On se prépare sans savoir. Ça commence à devenir long car on veut jouer, retrouver l’ambiance de notre sport qui nous manque depuis plus d’une année maintenant. Puis, à Thieulain, on veut défendre notre titre de champion.
Partons du principe qu’on jouera normalement la saison! Thieulain est-il le favori en nationale 1?
Je ne sais pas trop. Ce n’est pas à moi à le dire de toute façon. On reste avec la même équipe, les mêmes bases. On a cœur de garder nos lauriers décrochés en 2019. Mais on sera attendu au tournant, ce qui n’amènera toutefois pas de pression supplémentaire parce qu’on connaît nos qualités.
D’un point de vue plus personnel, reconduire votre Gant d’Or sera-t-il un autre objectif?
Un prix individuel de ce calibre est toujours valorisant. Si je peux le garder, je le garde bien sûr! Je ne cache pas que je le voulais un jour. Ça était fait en 2019 et comme je suis un compétiteur, si je peux en décrocher un deuxième, un troisième voire un quatrième, je suis preneur! Mais si je pratique un sport collectif, ce n’est pas un hasard. Je préfère donc avoir dix titres de champion et un Gant d’Or que l’inverse!
L’actualité de la balle pelote, ce sont également les élections aux différents niveaux des fédérations; en tant que joueur du plus haut niveau, ça vous intéresse?
Je ne suis pas toutes les discussions et toutes les affaires qui peuvent se tramer à certains moments mais oui, ça m’interpelle! J’ai envie de savoir qui composera les différents organes décisionnels, qui aura en mains notre sport qui doit tendre vers une évolution un peu plus moderne. Et comme d’autres joueurs, j’aspire à plus de réactivité, surtout en cette période difficile. On voit que les choses traînent un peu pour ces élections mais idéalement, ce serait bien que tout soit réglé avant le lancement de la nouvelle saison. Histoire de repartir sur des bases saines, une fois que le virus nous aura enfin laissés tranquilles.