Lessines: des "Robin des bois" namurois devant le tribunal de Tournai
Quatre copains tentent de faire justice eux-mêmes en retrouvant le harceleur de leur ami. Ils risquent 37 mois d’emprisonnement pour vol avec violences.
Publié le 11-03-2023 à 09h00
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Ils sont quatre jeunes d’une vingtaine d’années à se retrouver sur le banc des prévenus sans la présence d’un avocat. Trois sont déjà actifs sur le marché de l’emploi, le quatrième est encore étudiant. Simplement en discutant, la bande pensait au départ raisonner celui qui harcèle un de leurs amis depuis de nombreuses années. Mais on connaît la suite dans ce genre d’affaire: ça dérape !
"C’est un gamin qui travaille avec mon père et moi le week-end. Il a le cœur sur la main. Un jour, il m’a dit qu’il se faisait menacer à l’école, même avec un couteau. On lui vole son argent. Plusieurs plaintes ont été déposées, la direction est au courant, mais ça continue, même encore aujourd’hui. Ça m’a fait de la peine. C’est devenu comme un frère et j’ai peur qu’il fasse quelque chose de grave. Donc, j’ai décidé d’aller à la rencontre du principal agresseur pour discuter, savoir pourquoi il lui fait vivre un enfer". Le jeune explique qu’il a parlé de la situation à trois de ses copains, les trois autres prévenus. Ceux-ci décident de l’accompagner "au cas où" et de rester à proximité dans une voiture.
Comment pensaient-ils le convaincre ?
"J’ai attendu le harceleur à la sortie de son école. Il m’a proposé de faire le chemin jusqu’à la gare pour discuter. Sauf qu’il m’a porté un coup au visage et a brandi un couteau. J’ai répliqué et les copains sont arrivés. Ils voulaient nous séparer, mais d’autres individus de sa classe ont directement cru qu’ils venaient se bagarrer". Sur interpellation de la procureure du roi, la présidente demande au groupe de prévenus: "C’est un truc de western. Quatre pour un et un pour tous. Quels arguments alliez-vous lui avancer pour qu’il arrête son harcèlement ?". Celui qui a embarqué ses amis devant le tribunal répond: "C’était pour parler. Lui demander pourquoi il faisait cela. Comme il est plus jeune, je pensais que cela allait avoir un impact". L’explication ne convainc pas le ministère public, ni la partie civile.
Les prévenus savent ce qu’ils risquent
"Si je m’en tiens aux prévenus, ce sont des justiciers, des"Robin des bois"qui effectuent quand même la route de Namur – Lessines pour trouver mon client. Sa version est différente: il a indiqué à la police qu’il était avec deux amis à la gare quand son attention est portée sur un homme qui les observe, ce n’est autre que le principal protagoniste dans ce dossier. Il lui demande son téléphone. Innocemment, mon client lui donne et immédiatement il se fait frapper par Monsieur, rejoint par sa bande. Des caméras de surveillance confirment", précise l’avocate de la partie civile avant de réclamer une indemnisation pour dommage moral et matériel.
La procureure du roi: "Pour moi, l’argument a été de se dire d’aller au contact avec ses potes. Le véhicule est identifié ce jour-là. Une enquête de téléphonie sur le conducteur permet de retomber sur les individus à la barre. Ce sont des faits graves: il y a une arme exhibée, un vol de téléphone, des coups, une voiture utilisée".
Les prévenus savent qu’ils risquent entre 15 et 20 ans de prison. La magistrate sollicite une peine de 37 mois. Le jugement sera rendu le 6 avril.