Lessines : "C'était une usine à cannabis ce machin !"
Le prévenu livrait des sacs de terreau dans une culture de cannabis. L’électricité nécessaire à la culture était également détournée.
Publié le 30-03-2022 à 13h00
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Il est reproché à Y.W. d’avoir cultivé 2016 plants de cannabis avec comme circonstance aggravante de l’avoir fait dans le cadre d’une association de malfaiteurs. La période infractionnelle s’étend de juillet à octobre 2020. L’énergie électrique a été détournée frauduleusement au profit du trafic de drogues.
Le rôle du prévenu: livrer des sacs de terreau de Charleroi à Lessines."J’habitais à Charleroi à l’époque, a précisé Y.W.J’aidais simplement quelqu’un que je ne connaissais pas. Je devais transporter du terreau que je déposais à l’entrée du bâtiment. D’autres personnes l’amenaient à l’intérieur. Un trajet équivalait à 100 euros".
Dans cette affaire, la société ORES s’est constituée partie civile. Car les enquêteurs ont fait état d’un compteur manipulé."Les prévenus ont mis en place un raccordement illicite sur le compteur. Cela permettait que l’énergie soit prélevée sans laisser de trace. ORES a calculé le montant du préjudice en appliquant la méthode Baume. La société recense en fait le nombre de lampes présentes et calcule la puissance que représentent ces sources de chaleur pour permettre la culture. Le volume électrique total est de 107000 kg/watts", a mentionné l’avocate.
La procédure critiquée par la défense
L’avocat du prévenu a développé cinq points avant de solliciter un acquittement."D’abord, le dossier répressif est incomplet. Il manque les procès-verbaux initiaux. Il y a un problème avec les perquisitions qui dépendent d’informations anonymes. Ensuite, l’affaire repose sur une enquête téléphonique rétroactive. Même en cas de criminalité grave, la Cour européenne estime qu’on ne peut pas violer la vie privée. Les policiers ont toujours suspecté mon client.
Puis, aucun ADN prélevé à l’intérieur du local ne correspond à Y.W. Et enfin, la confiscation spéciale de 900000 € dont un tiers pour le prévenu n’est visible nulle part. Mon client mène une vie normale, où a-t-il mis tout cet argent?".
«Une plante rare près du bâtiment…»
Le procureur du roi a réagi à la plaidoirie en indiquant notamment que c’est une juge d’instruction qui a demandé une perquisition en tenant compte des éléments reçus d’un témoin anonyme et que les policiers n’ont pas violé la présomption d’innocence: "Ils ont écrit leurs rapports au conditionnel, en émettant des hypothèses. Il n’y a rien de choquant".
À charge du prévenu, le magistrat a souligné les nombreuses présences de Y.W. à l’endroit de la culture:"Il a dit lors d’une audition que c’était parce qu’une plante rare poussait près du bâtiment. Après des recherches, cette plante pousse partout et est même considérée comme toxique. Pour moi, les faits sont établis. C’était une usine à cannabis ce machin". Le ministère public requiert 18 mois d’emprisonnement. Le jugement sera prononcé le 3 mai.