Parfois difficile la vie de château

Le charmant château de Lestriverie, à Bois-de-Lessines, a traversé sept siècles. Évocation d'une parfois difficile «vie de château».

Parfois difficile la vie de château
13307917 ©© EdA

Les façades, tours et autres dépendances du château de Lestriverie ne peuvent certes narrer les épisodes de leurs presque sept siècles d'existence. Mais la silhouette charmante de la bâtisse connaît bien le langage des âmes. Il suffit de se balader sur les chemins des alentours pour s'imprégner d'une indicible atmosphère de sérénité.

Et pourtant les environs boisés et marécageux n'ont certainement pas toujours été nappés de cet aspect paisible et reposant. En pleine «terre des débats», le château de Lestriverie (dont la racine porte le sens de «combat», avec le mot patois «estriver» par exemple ou encore «strijd » en néerlandais) naît d'un besoin de protection au milieu des conflits entre les comtés de Flandre et de Hainaut. On situe donc la fondation du château au début du 14e siècle.

«Les principales grandes transformations datent du 15e siècle sous le Seigneur Guillaume Desprez» indique Léon-Richard Deltand dans une brochure consacrée à la seigneurie de Bois-de-Lessines. «Ensuite, avec les de Cottrel, durant la première moitié du 17e siècle, ces transformations furent continuées. Les d'Yve, arrivés à Bois-de-Lessines en 1760, après un très long procès qui dura cinq ans ont surtout transformé l'intérieur du manoir.» Le château se transmet par les liens familiaux, voire à travers des alliances, au fil des siècles, avec plusieurs noms apparaissant comme des repères : les seigneurs de Lestriverie (ou Lestruve), les seigneurs Despretz, les seigneurs de Cottrel. Après une parenthèse durant laquelle le fief fut quelque peu négligé, et un procès consécutif à une vente, le château devient enfin propriété de la famille d'Yve en 1760, une famille qui fit valoir un lien de parenté avec les de Cottrel pour «récupérer » le manoir.

Plusieurs seigneurs de la famille d'Yve de Bavay ont d'ailleurs été bourgmestres de Bois-de-Lessines, le dernier étant Jean (oncle de l'actuel propriétaire).

Réoccupé depuis 1970

La physionomie contemporaine du château remonte au début du 20e siècle. « À la fin du 19e siècle, mon grand-père avait construit une énorme tour qui dépassait en hauteur les toits du château, mais son fils -et mon oncle - la fit rapidement démolir lorsqu'il devint propriétaire» explique en souriant Henri d'Yve.

«Moi, je me souviens être simplement venu en vacances ici lorsque j'étais jeune. Je ne connaissais pas spécialement la région parce que j'ai été élevé à Bruxelles et à Rumillies chez mes grands-parents.» Henri d'Yve va pourtant avoir l'occasion de faire plus ample connaissance avec le domaine de Bois-de-Lessines. «Mon oncle, célibataire, passe la Première guerre mondiale ici, mais il part ensuite à Bruxelles et il ne revient à Bois-de-Lessines que durant quelques mois par an.» Le château, entre 1919 et 1959, n'est quasiment plus occupé du tout.

Le marquis Henri d'Yve se trouve en Afrique, en tant que militaire parachutiste, lorsqu'il apprend le décès de son oncle, en 1959. Il devient propriétaire du château. Le défi l'intéresse.

Débute alors une impérative phase de restauration et d'adaptation aux besoins d'une vie quotidienne au château. «J'avais un concierge qui s'occupait des bois et du château; c'était un homme de bon sens qui n'était pas impressionné par l'importance de la tâche. Il fallait en effet réaliser des travaux importants; si la structure était en bon état, notamment au niveau de la toiture, il fallait par exemple acheminer l'eau courante et l'électricité, monter le chauffage.»«Nous avons entamé les travaux intérieurs en 1961 et nous avons commencé à y vivre constamment en 1970» poursuit le marquis qui, entre 1960 et 1970, travaille en Espagne pour le compte d'une société belge.

Au début des années '70, il s'installe définitivement à Bois-de-Lessines. «Je me suis lancé dans l'agriculture, une activité que j'ai exercée durant une vingtaine d'années.» Derrière le charme inaltérable de la bâtisse, s'accumulent des attentions quotidiennes et des travaux d'entretien réguliers. Avec certes des subsides à la clé comme pour tout élément patrimonial classé. Mais on sait aussi les énergies formelles qu'il faut y mettre.

Le château de Bois-de-Lessines n'est pas accessible au public.

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