II y a 100 ans, l’église de Néchin renaissait de ses cendres (photos)
Dynamitée par les Allemands lors de leur départ en 1918, l’église de Néchin, reconstruite, sera cinq années plus tard dignement "rebaptisée". Histoire d’une résurrection…
Publié le 27-02-2023 à 18h00
Début 1917. La Première Guerre Mondiale fait rage depuis trois ans déjà. Le village de Néchin, jusqu’alors épargné par les destructions, vit tant bien que mal avec l’envahisseur.

Mais le 7 juin de cette même année, un combat aérien a lieu tandis qu’est célébrée la messe de la Fête-Dieu. Plusieurs bombes alliées s’abattent sur la place ; l’une d’elles s’écrase sur le clocher, une autre devant le porche. Comme un avertissement avant le désastre.
Dix mois plus tard, le 12 mars 1918, les cloches de l’église dédiée à saint Amand sont réquisitionnées par l’ennemi, et enlevées six jours plus tard.
Survient enfin le pire pour l’édifice religieux: le 18 octobre, les Allemands en retraite dynamitent le clocher, afin que ce dernier ne puisse servir d’observatoire aux Britanniques qui arriveront le lendemain. Les débris du clocher sont projetés sur les maisons de la place, sur la place et s’abattent lourdement sur la nef de l’église, l’écrasant de tout son poids.
Novembre 1920: la promesse de résurrection
Il faudra attendre deux années et l’assurance d’obtenir les dommages de guerre avant que ne débutent les travaux de reconstruction, deux années durant lesquelles les célébrations religieuses se feront dans la salle du Patronage. Sous l’impulsion du curé de Néchin, M. Camberlin, l’élaboration des plans du "nouvel" édifice sont confiés à l’architecte tournaisien Paul Clerbaux, approuvés par le conseil communal, tandis que les travaux, après adjudication, sont attribués à l’entrepreneur Vancoppenolle de Pottes. La première pierre de l’église est posée le 17 novembre 1920 et le temps, exceptionnellement favorable, permet le démarrage immédiat des travaux.
La population à la rescousse, avant l’aboutissement

Malheureusement, l’aide financière promise est interrompue. Appel est alors lancé à la population néchinoise qui souscrit en masse à l’emprunt qui lui est proposé, permettant ainsi la poursuite des travaux.
Entre-temps, l’abbé Camberlin, trahi par ses forces, laisse place à l’ancien curé d’Isières, l’abbé Comptdear. Celui-ci, avec l’aide du vicaire de la paroisse, M. Molle, mènera le projet à son aboutissement: début 1923, l’église est achevée, garnie d’une nouvelle tour couronnée d’une flèche élancée, adossée au chœur.
La grande sœur de l’ancienne
Dans la plaquette publiée en juillet 1923, l’on peut encore lire: "Entrons dans l’église, nous ne serons pas déçus: sa vaste nef centrale surplombée d’une magnifique voûte de briques blanches et roses, ses simples colonnes de pierre, son transept spacieux précédant le chœur si beau dans sa simplicité, flanqué des chapelles des enfants et offrant directement aux regards son autel de pierre: tout charmera notre œil […] la nouvelle église a voulu n’être que la grande sœur de l’ancienne."
Une mémorable journée pour la consécration de la nouvelle église

Samedi 28 avril 1923. Tôt le matin, déjà, l’effervescence règne à Néchin. Le tronçon séparant la place de la Gare se pare de bien belle façon afin d’accueillir dignement Monseigneur Crooÿ, évêque de Tournai accompagné de dignitaires religieux: arc de triomphe rustique, façades ornées, drapeaux et oriflammes, banderoles se succèdent au fil du parcours. Un immense cortège rassemblant clairons et fanfares, enfants des écoles, élèves des deux pensionnats français ainsi que de nombreuses associations religieuses et laïques, précède le clergé, l’administration communale et le véhicule conduisant l’évêque.

8 h 30. Après un passage dans la chapelle du Patronage afin de saluer les reliques des saints martyrs Félicien et Maxime, le cortège se reforme et se rend à l’église. Encore fermée aux fidèles, seuls Mgr. Crooÿ et le clergé y entreront afin de consacrer le nouvel édifice. Pendant ce temps débute la consécration extérieure de l’église, prières et chants accompagnant la triple aspersion d’eau bénite sur les murs. Se poursuivront encore, toujours "en secret", divers rites avant de procéder à la translation des reliques de la chapelle du Patronage vers la nouvelle église. Enfin, l’unique clochette annonce l’ouverture du sanctuaire qu’emplit la foule des fidèles. Il est 13 h, la messe solennelle peut enfin être célébrée par l’abbé Camberlin, ancien curé de la paroisse, assisté de nombre de religieux des alentours !
Notons qu’un banquet digne de l’événement suivra les cérémonies de la consécration, durant lequel le curé de Néchin "portera quelques toasts", s’adressant à diverses personnalités présentes, religieuses et laïques.