Ruée sur le carburant en France: «Un drame pour les stations frontalières», déplore un gérant belge
Près de trente centimes de différence entre la petite station de Leers-Nord et celle de l’immense centre commercial Auchan à Leers (France). Une implacable réalité qui s’applique à toutes les pompes à essence frontalières depuis le 1er septembre.
- Publié le 01-09-2022 à 16h41
- Mis à jour le 01-09-2022 à 18h23
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Le carburant, le chocolat, la bière, le tabac: les plaques françaisescolonisaient régulièrement les magasins belges situés près de la frontière. Le scénario se répétait tous les jours, Aujourd’hui, même les Belges délaissent le Royaume pour l’Hexagone, la faute à une flambée des prix bien plus importante de notre côté de la frontière.
Dernier exemple en date: le carburant.

Depuis le 1er septembre, le gouvernement français a augmenté la remise sur les accises à 30 centimes d’euro par litre et le fournisseur Total Energies accorde une autre remise de 20 centimes d’euro. Verdict à la pompe? Près de trente centimes d’écart entre deux stations distantes de quatre kilomètres l’une de l’autre. " Comment peut-on survivre avec un diesel à 2,05 euros le litre alors qu’il est à moins d’1,8 en France? Ce n’est pas tenable. Pour moi et pour les autres pompistes frontaliers, c’est catastrophique", avoue Éric.
À Leers-Nord, l’intéressé gère une petite station belge. De l’autre côté du trottoir, c’est la France. Hormis pour le tabac, son échoppe est désertée, tant par les Belges que par les Français. " On a récemment reçu le renouvellement du permis d’exploitation de la pompe à essence jusqu’en 2026. Mais à quoi bon? Le mois prochain, on va probablement fermer."
Le patron de cette station située à la frontière a fait ses calculs: sa fréquentation et son chiffre d’affaires ont été divisés par dix. " On ne vend plus rien depuis quatre mois et on fonctionne à perte. Dans mon magasin (il est aussi propriétaire d’un Proxy Delhaize), la facture d’électricité est passée de 4.000 à 20.000 euros. Je me suis séparé d’une partie de mon personnel."
Si prospère ces vingt dernières années, le commerce frontalier est aujourd’hui plombé par les prix fixés et pratiqués en France. " On attend désespérément une action concrète des autorités belges. Et un véritable effort, pas une baisse de deux centimes le litre. C’est notre seule chance de salut", conclut Éric.

Au centre commercial Auchan Leers (France), les plaques belges sont presque aussi nombreuses que les françaises depuis la diminution du prix à la pompe.
Passer de France en Belgique, c’est la certitude de tomber sur plusieurs stations essence à proximité directe de la frontière
Vestige d’un temps pas si lointain où le carburant était moins cher dans le plat pays. Les pompes à essence françaises se situent bien plus rarement juste à côté du territoire belge… mais pas bien loin non plus.
Au centre commercial Auchan Leers, la frontière n’est qu’à quatre kilomètres. Les publicités pour des " prix bas" fleurissent un peu partout. Et pour cause, avec trente centimes de différence pour un litre d’essence, c’est la ruée sur le carburant, quitte à attendre son tour pendant une dizaine de minutes. C’est le cas d’Eugène, un Tournaisien qui profite de cette baisse soudaine pour ravitailler sa voiture. " Pour le portefeuille, ça fait rapidement une grosse différence", avoue cet habitant de Kain. " On venait de temps en temps en France. Désormais, ce sera une habitude. On aurait tort de s’en priver."
Sans surprise, même discours chez les autres automobilistes belges que nous avons croisés jeudi midi à la pompe. À dix minutes de son domicile dottignien, Michel profite aussi de cette baisse providentielle pour faire le plein, " ce qui ne m’était plus arrivé depuis un moment", avoue l’intéressé. " Être frontalier, c’est aussi profiter des avantages offerts par le pays voisin."
Celui de payer un carburant bien moins cher est considérable…