La volonté de vivre des moulins des Collines, à Ellezelles
Ellezelles possède trois moulins en bon état : un moulin à vent, le Cat Sauvage, et deux moulins à eau, le Tordoir et le Mouflu situés à Wodecq.
Publié le 11-04-2022 à 12h17 - Mis à jour le 11-04-2022 à 12h18
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Le moulin du Cat sauvage est toujours en activité au Crimont. Situé sur une butte entre la Flandre et la Wallonie picarde, il est l’emblème d’Ellezelles et du Pays des Collines. Le bâtiment est vieux de plus de deux siècles, et pourtant sa survie n’a tenu qu’à un fil. Christian Pieman se souvient de son sauvetage en 1956.
"Le syndicat d’initiative et son trio fondateur, Pierre Hermant, Louis Beaucamp et Jacques Vandewattyne ont sauvé le moulin que l’on voulait abattre pour en vendre les planches. Grâce à eux, le Cat est acheté en 1958 par la Province du Hainaut. Classé en 1960, il devient propriété de la Commune d’Ellezelles. Ce sera le départ d’une belle aventure. Elle se poursuivra avec une mise en valeur d’un folklore local basé sur l’histoire et les anecdotes. "
Curieusement on ne connaît pas l’origine du nom. "Peut-être un chat du moulin qui en chassait les souris? "
Par contre, on sait qu’il a été édifié en 1750 pour la comtesse de Rohan-Soubise, dont la maison est toujours sur la place d’Ellezelles. "Elle a construit une centaine de moulins dans la région et il se dit que le centième était un petit moulin, en or, posé sur sa cheminée. "
Le moulin a subi quelques restaurations à l’extérieur, mais à l’intérieur, tout est d’origine et notamment "l’estaque", le pivot central.
André, le meunier du Cat
De nombreuses familles de meuniers se sont succédé au Cat sauvage: les Van Lierde, Lizon, Bekers, Dutilleur. C’est maintenant André Deschamps qui en a repris la gestion, à 78 ans et après une belle carrière à la sucrerie de Brugelette.
Il habite le quartier de la Bruyère, "à la même hauteur que le moulin… à 115 m".
André a été plongé très tôt dans le monde de la meunerie. " Il y avait un moulin anglais dans la ferme de mes parents. Plus tard, j’ai appris le métier avec Joseph Dhaenens du moulin de la marquise. Nous étions allés à l’école ensemble. C’est lui qui m’a poussé à m’occuper du Cat sauvage et la Commune a accepté. "
Mécanicien dans l’âme, André a réparé tout ce qui pouvait l’être et le moulin a repris vie, il y a une dizaine d’années. Depuis, il se rend sur le site tous les deux ou trois jours pour changer la position du moulin et le placer avec le nez face au vent. "Le bonheur dans un moulin c’est de le sentir prendre de la vitesse, de le sentir vibrer, de le sentir vivre. Et puis, il y a aussi cet émerveillement devant une machine aussi complexe. Chaque fois que je suis là-bas, je reste sidéré par l’intelligence et le savoir-faire des constructeurs. Comment ont-ils pu, il y a plus de deux siècles, créer quelque chose d’aussi techniquement parfait? Aujourd’hui, il y a bien quelques améliorations à apporter. Rectifier le lattis des ailes, corriger quelques fuites dans la toiture. Et surtout rééquilibrer les meules. Alors on pourrait envisager de moudre une bonne farine."
À ce niveau, un projet est à l’étude qui impliquerait le moulin dans une filière courte de production. En attendant le Cat sauvage ouvrira ses portes les 14 et 15 mai.