La belle audace des quinquas

Michel Ledermann, mécanicien et garagiste de son état. Ex motocrossman, ex supermotard, passionné de motos «anciennes» et de side-cars en particulier. Bruxellois de Bruxelles. Bernadette Schyns, architecte, elle aussi adepte de la moto et du side-car. Bruxelloise, issue d'une famille aux origines verviétoises... Dans sa maison de Woluwe Saint-Pierre, le couple accumule les engins, se trouve à l'étroit. Déménager s'impose. Mais où? Bruxelles encore? Le BW? Trop chers.

De Bruxelles aux collines «Vieux moulin à eau avec dépendances et 70 ares de terrain» ... Pas vraiment la zone recherchée. Qui plus est, le moulin du Mouflu, le long du Tordoir, un rieu de rien à Wodecq, prend eau et vent de toutes parts. Mais c'est le coup de coeur. Ils l'achètent «en vingt minutes» et s'y installent.

Elle a vu le potentiel du bâtiment. Lui, retrousse ses manches. On est en 2000. Ils ont 45 ans. Tous deux conservent leurs activités professionnelles. Puis, peu à peu, germe l'idée de «vivre du lieu». L'apprentissage Bernadette est issue d'une famille nombreuse. Pour les grandes tablées de fête - - «on était trente» - , des repas qui ressemblent à des défis, c'est elle qui pilotait les fourneaux. Un bon début... Mais la restauration ne s'improvise pas. Pas plus que l'architecture ou la mécanique. Elle suit trois années de formation à la Foclam/Tournai, effectue sept cents heures de stage, dont la majeure partie au prestigieux et voisin «Château du Mylord».

Michel a gardé un sens inné du commerce. À coups d'affaires, il monte une cuisine hyperprofessionnelle, acquiert vaisselle, couverts, chaises, tables, etc. Dans le même temps, il aménage trois chambres d'hôtes. « On ne peut pas parler de chambres d'hôtes officiellement, à cause de la présence du restaurant. Et ce n'est pas un hôtel non plus parce qu'il faudrait au moins cinq chambres. Disons que c'est plus un service qu'on propose à la clientèle qui vient d'un peu plus loin et ne souhaite pas reprendre la route après le repas. Cela dit, on peut loger sans manger au resto...»

Produits frais et locaux

Leur restaurant, ils l'ouvrent en mars dernier. Un cadre unique, tout en bois, magnifiant le mécanisme de l'antique moulin. Le souci de l'authenticité se prolonge heureusement dans l'assiette. «On ne travaille qu'avec des produits frais, pas de produits semi-finis, et au maximum, des produits de saison et de la région. On a des fournisseurs à Wodecq même, Ellezelles, Ath, Ostiches, Gibecq...» Petite entorse pour le boeuf : le couple est resté fana de la viande écossaise et se fournit à Bruxelles.

La carte est volontairement restreinte, avec deux menus : l'un est le menu «saison» (trois services, 30 ¤), valable deux à trois mois. L'autre, le menu «suggestion» (trois services, 32 ¤), change chaque semaine.Les autres possibilités : le potage (8 ¤), le plat végétarien (15 ¤), l'entrecôte ou le filet pur (de 18 à 26 ¤). On vient de passer au menu hiver. Il se composera de légumes d'hiver en salade tiède, un cassoulet «maison» au confit de canard «spécialement fin et léger», tarte fine aux pommes, glace vanille.

Côtés boissons, on pointera les jus artisanaux (de Papignies-Ghoy) et parmi les bières, l'inévitable Quintine. Pour les vins, c'est le sommelier bien connu Pascal Delfosse qui est à la manoeuvre. Font figure de classiques du Mouflu, le cava, un méthode champenoise espagnol, et le muscat de Rivesaltes; en blanc, un sauvignon; en rosé, un chinon; en rouge, un languedoc.

Jazz du dernier samedi

À noter : chaque dernier samedi du mois, le repas est musical, jazz en tête. À cette occasion, menu unique (35 ¤, concert compris). Ce 27 novembre, en compagnie du Moskito Quintet, vous pourrez déguster en entrée : grosses crevettes en feuilles de citronnier; en plat : épaule de porcelet confite, peau laquée, pot-au-feu de légumes; en dessert : crème au chocolat, crumble au cacao et sorbet aux agrumes Ouvert vendredi soir, samedi soir, dimanche midi. À la demande, n'importe quand à partir de 12 c.