Aveu de faillite pour Eclair-Prym Belgium (Comines): le dernier témoin belge d’un savoir-faire rubanier en Belgique
La fermeture de l’usine met un point final à l’histoire de l’industrie rubanière, côté belge. La fin d’un savoir-faire plusieurs fois centenaire…
Publié le 28-04-2023 à 18h00
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Le mardi 25 avril, la s.a. Eclair-Prym Belgium, dont les bâtiments sont situés dans l’avenue de la Sideho, a fait aveu de faillite. Les dix dernières personnes qui y travaillaient ont perdu leur emploi ; trois ont fait part de leurs droits à la prépension.
À cause d’un détournement commis par une employée ?
Ce jeudi matin, le curateur désigné, maître Thierry Opsomer, est passé sur le site. L’administrateur délégué, le Tunisien Imed Bel Hadj, qui dirigeait l’entreprise depuis 2019, était bien seul pour l’accueillir dans les vastes bâtiments: "L’entreprise est victime de la falsification des comptes de la part d’une employée, en l’occurrence la comptable. Elle a détourné 350 000 € sur un an, indique le directeur . Avant le Covid, je venais de Tunisie une semaine par mois pour vérifier les comptes et l’activité sur le site. Avec le confinement, j’ai travaillé en ligne et on a profité de la situation ! Nous avons déposé plainte et une instruction est en cours. Suite à cela, nous n’avons pas su payer nos fournisseurs. Nous avons préféré faire aveu de faillite afin de limiter les dégâts. Les autres sociétés Eclair Prym nous ont aidés et nous ne voulions pas leur causer davantage de préjudice."
L’entreprise, installée dans le zoning depuis 1977, était spécialisée dans la confection de rubans et de fermetures à glissière. Elle avait été rachetée en 1995 par un groupe allemand, lui-même repris par une société tunisienne.
La production se faisait en Tunisie
En 2012, la production a été, en grande partie, délocalisée en Tunisie ; 19 ouvriers et 3 employés perdant leur emploi dans le cadre d’une procédure Renault. Durant dix ans, le site s’était limité à un stockage achat/vente, qui fait aujourd’hui partie du passé.
Ce mois d’avril 2023 met donc un point final, côté belge, à l’histoire cominoise de la rubanerie, qui ne trouvera désormais plus qu’un écho au musée dédié à ce riche passé. En effet, la tradition textile à Comines remonte au Moyen Âge où, dès 1375, elle est considérée comme importante dans la draperie et les étoffes. L’histoire s’accélère quand, en 1719, Philippe Hovyn, un marchand yprois, choisit d’installer sa manufacture de ruban à Comines. Petit à petit, la ville, des deux côtés de la Lys, devient la capitale mondiale du ruban utilitaire. En 1914, elle comptait 3 500 métiers pour une production annuelle de 400 millions de mètres de ruban. Quelque 2 500 personnes y travaillaient ! Après le conflit, les rubaneries vont renaître en poursuivant leur automatisation.
Aujourd’hui, il reste sept rubaneries côté français, toutes regroupées sous le Groupe Fauchille. Chacune est spécialisée dans un domaine. Et, côté belge, il ne reste plus rien !