Avis mitigés pour le projet de biométhanisation à Huissignies
Projet de biométhanisation à Huissignies : de nombreuses interrogations et réactions. Beaucoup de questions sans réponse et un projet « incomplet ».
Publié le 22-06-2022 à 06h00
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Suite à son projet d’implantation d’une unité de biométhanisation, chemin de Merveaux à Huissignies, la société Walvert -établie à Thuin – a dernièrement convié les Chièvrois à une réunion d’information en la Maison de village husseignienne. Ils étaient une bonne trentaine à avoir répondu à l’invitation. Au programme, une présentation de Walvert, des avantages de la biométhanisation et des perspectives locales avant une foire aux questions citoyennes, le tout sous la conduite de Manuelle Scherer, responsable de la direction administrative et communication du promoteur. En invité neutre, Aurélien Bardellin, expert en biométhanisation de l’ASBL ValBiom, chargé pour l’occasion d’apporter un éclairage scientifique.
Parmi les citoyens présents, des riverains directement concernés par le projet, des citoyens en mal d’informations et des agriculteurs, intéressés ou en phase de questionnement par rapport à ce dossier. Au regard des nombreuses réactions et questions citoyennes, le sujet passionne (sans pour autant obtenir un large consensus) et interpelle d’autant plus en cette période de réchauffement climatique et de hausses exponentielles des coûts de l’énergie où l’urgence demande de trouver des alternatives aux énergies fossiles afin d’étoffer le mix énergétique.
Pourquoi ici?
Si la technique de la biométhanisation, permettant une production constante d’énergie à l’inverse de l’éolien et du photovoltaïque, n’est généralement pas remise en question, ce sont les possibles nuisances, des voiries inadaptées mais aussi le choix du site qui interpellent. " Pourquoi en zone agricole et pas dans un zoning où l’énergie produite serait directement utilisée par les entreprises voisines? " se demandent certains. D’autres évoquent un site à la fois trop proche des habitations -200m – en cas d’odeurs intempestives mais aussi trop (?) éloigné des bâtiments susceptibles de bénéficier de la chaleur produite, une production dont l’utilisation n’est par ailleurs pas encore établie précisément. " Qu’allez-vous en faire en été? " se demande notamment un citoyen. " Trop tôt dans le projet pour vous répondre ", explique la directrice. Une réponse qui interpelle les citoyens quant au business plan et la rentabilité d’une infrastructure nécessitant de lourds investissements pour une durée de vie de 15 à 20 ans.
Des sols détournés
La problématique des intrants fait aussi controverse. Si le bon fonctionnement du digesteur en nécessite 15000 tonnes/an (essentiellement des effluents agricoles), il exige aussi que 20% de ceux-ci soient constitués de maïs. " Une ineptie ", pour l’un des participants, un microbiologiste de formation. " C’est une absurdité du point de vue écologique: produire du maïs pour faire de la biomasse afin de nourrir un digesteur… "
Une position tranchée entraînant d’autres craintes et l’interpellation de deux échevins, présents en tant que citoyens et écologistes, et s’exprimant en leur nom propre. " Pour moi, le projet en l’état ne me convient pas " explique Fred De Weireld. " Pour produire ce maïs, on risque à nouveau de voir des prairies transformées en champs, alors que ces prairies ont un rôle essentiel dans la lutte contre les inondations et les coulées de boue. " Une position que rejoint Didier Lebailly, déclarant au passage " être lui aussi mitigé face au projet ".
Dans ce dossier, complexe, la commune devrait trancher en se basant avant tout sur les résultats de l’enquête publique d’une part, et la position de la CCATM, la Commission consultative communale d’aménagement du territoire et de mobilité, de l’autre.