Popuelles : Sylvain Liegeois est maréchal-ferrant & orthopédiste, par amour des chevaux (photos et vidéo)
Passionné par les équidés, Sylvain Liegeois est devenu maréchal-ferrant orthopédiste il y a plus de vingt ans. Les représentants de ce métier si particulier se comptent sur les doigts d’une main en Belgique.
Publié le 06-05-2023 à 05h58
Sylvain Liegeois, vous êtes maréchal-ferrant & orthopédiste. Comment définir simplement ce métier si rare et si pointu ?
En décortiquant les deux termes. Le métier de maréchal-ferrant consiste à ferrer les sabots des chevaux. L’orthopédiste s’occupe de l’équilibre du corps, du squelette et des muscles. En clair, je ne scrute pas seulement le pied du cheval, j’analyse parfois pendant plusieurs heures l’équidé. D’abord en statique, puis en dynamique pour avoir une vision globale de ce qu’il faut corriger. Ensuite, je peux concevoir des fers qui répondront fidèlement à la morphologie du cheval.
Comment s’y prendre pour avoir un fer sur mesure ?
Après l’observation, c’est la phase de conception. Sur le terrain, je suis équipé d’un scanner 3D qui analyse le dessous du sabot. En rentrant chez moi, j’ai un logiciel qui me permet d’élaborer sur mesure un fer. J’ai environ 14 possibilités de matériaux. Un exemple: pour remédier à un type de pathologies, je peux prévoir un fer léger, en flexiline (plastique résistant). Ensuite, je dessine le fer pour qu’il colle parfaitement au pied du cheval et surtout, pour lui garantir le meilleur équilibre. Car un déséquilibre au niveau des sabots peut causer bien d’autres maux. On peut jouer sur la largeur, l’épaisseur, la forme, etc. Comme avec des semelles orthopédiques. Le fer doit être calibré au millimètre..
Après le dessin, vous les fabriquez également ?
Non, je travaille avec une firme spécialisée du côté de Bordeaux. Je leur envoie le modèle, ils le fabriquent et je le reçois assez rapidement, avec un délai de deux à trois jours.
Plus jeune, rêviez-vous déjà d’un boulot au contact des chevaux ?
Oui. Mon grand-père Simon était maréchal-ferrant à Quevaucamps, puis à Hacquegnies après la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est pas tant pour perpétuer l’histoire familiale que j’ai choisi ce métier. C’était ma passion, tout simplement. Je montais dans un manège quand j’étais jeune, j’ai été cavalier par la suite. J’ai beaucoup appris au contact des équidés.
Quel a été votre parcours ?
J’ai étudié trois ans la maréchalerie à Namur avant de faire deux ans de patronat pour me spécialiser dans l’orthopédie. Ensuite, j’ai participé à beaucoup de formations à l’étranger, dont du compagnonnage. Encore aujourd’hui, je continue de me former, de me remettre perpétuellement en question. C’est une profession exigeante pour le corps et pour l’esprit. D’abord parce qu’elle est physique mais aussi parce qu’il faut sans cesse cogiter au meilleur fer possible pour le cheval. Cette exigence est heureusement compensée par la passion que j’éprouve pour mon métier. Je suis très heureux d’apporter ce savoir-faire à d’autres passionnés. C’est loin d’être un long fleuve tranquille, mais je n’ai aucun regret.
Le métier s’est-il complètement écarté de la conception qu’on s’en fait encore ?
J’ai peut-être une dizaine de chevaux par semaine. C’est peu par rapport à un maréchal-ferrant ordinaire, mais je ne fais pas du travail à la chaîne. Avec les Trente Glorieuses, le métier s’est un peu perdu, surtout dans le Hainaut. Le savoir-faire est resté entre les mains de quelques maréchaux mais le métier a considérablement évolué. Avec la technologie, on ne peut plus se permettre de remplacer des fers, il faut coller fidèlement aux besoins du cheval, mais aussi de son cavalier.
Pour vous, la relation entre les deux a une importance primordiale en termes d’équilibres ou de blessures…
Oui. Une mauvaise position sur la selle peut provoquer des douleurs pour le cavalier et une pathologie pour le cheval. Et inversement, si le cheval boîte pour des raisons tendineuses, ligamentaires, ou articulaires, le cavalier peut aussi être pénalisé.
Sylvain Liegeois, maréchalerie orthopédique (Facebook) ou +32.496/23.30.32