Insolite : deux Cellois participent à la construction du plus grand moulin à poivre du monde, haut de 6 mètres (vidéo)
Dans le petit atelier d’un tourneur sur bois du Pas-de-Calais, deux Cellois participent à la confection du plus grand moulin à poivre du monde. Absurde ? Peut-être, mais pour une noble cause, surtout !
Publié le 28-03-2023 à 08h05
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Par quel hasard du destin Sandra et Danny, deux sympathiques Escanafflois, se retrouvent mêlés à l’un des records du monde les plus burlesques de l’année ? "Il y a quelques années, on est parti sur un coup de tête à la Côte d’Opale, le temps d’un week-end. Le hasard a fait qu’on était les premiers clients d’Éric, qui venait d’ouvrir ses chambres d’hôtes après un changement professionnel radical", se souvient Sandra. C’était en 2018.
Le couple de Cellois ira à plusieurs reprises dans le nid douillet de La-Capelle-les-Boulogne, où Éric Brachet dispose aussi d’un atelier de tournage sur bois.
L’intéressé a changé de vie pour ne pas déchanter. Dans ce petit village qui borde Boulogne, il a installé son atelier et son école.

Le tourneur est aussi devenu formateur. "Grâce aux chambres d’hôtes, j’organise des stages et les participants restent dormir chez moi. On passe de chouettes moments ", explique Éric avec entrain.
Un beau jour de mars 2022, il organise une visioconférence avec ses élèves (covid oblige). L’un des aspirants tourneurs décide de concevoir un moulin à poivre de 30 centimètres de haut. Un deuxième surenchérit et annonce 40 centimètres ? "Et si on battait le record du monde ?", lance le tourneur. "C’est complètement con, mais c’est le chemin à parcourir pour y arriver qui m’intéresse ", assume le Nordiste.
Bien vite, le tourneur se renseigne, voit que le record actuel est détenu par des Canadiens qui ont réalisé un poivrier de 4,98 mètres. "On veut les battre, mais pas de deux centimètres. On va le faire d’un mètre, minimum."
"On n’a pas réfléchi, on a foncé"
Pour y arriver, le Boulonais a besoin d’une bonne équipe. Ils sont 14 à participer à l’usinage des pièces et à l’élaboration du poivrier. Parmi eux, Sandra et Danny. "En revenant en séjour ici, Éric nous a demandés si l’on souhaitait prendre part au projet. Je crois qu’on n’a pas réfléchi, on a foncé ", plaisante Danny.
L’Escanafflois est chauffeur poids lourd, mais c’est surtout un excellent mécanicien soudeur. "Il n’y a que lui pour concevoir l’une des pièces les plus importantes de l’ouvrage et y arriver au millimètre près. Parce qu’à la fin, le moulin doit tourner et moudre du poivre. Sinon, le record du monde n’est pas validé", reprend Éric.
Pourquoi se lancer dans pareil défi ? "Pourquoi pas !", répond l’équipe avec l’enthousiasme contagieux du tourneur. Pour y arriver, il faudra tout de même fabriquer une tête tournante de 90 kg, acheminer 750 kg de poivre et transporter la bête jusqu’au parking du centre commercial voisin, où elle doit être assemblée pour la démonstration et l’officialisation du record. Le timing est serré.
La démonstration doit être réalisée les 2 et 3 juin prochains. Alors dans l’atelier du tourneur, on s’active. Chacun a sa place, même les moins bricoleurs. Sandra assure la logistique avec minutie.
Investis d’une mission, Éric et ses ouailles ne laissent aucune place au doute. "On y arrivera. Et on fera peut-être plus que 6 mètres", conclut le tourneur. Certains diront assez péjorativement qu’il a un grain. Lui s’en réjouit. Sandra et Danny aussi. L’aventure est trop belle pour ne pas la vivre intensément.
Pour des associations locales
Construire un poivrier de 6 mètres, ça se fait avec la tête, les bras… et un fameux budget. 100 000 euros sont nécessaires pour la confection du (futur) plus gros moulin du monde. Par chance, l’équipe peut compter sur de nombreux partenaires financiers et plusieurs sponsors.
Le projet ne serait d’ailleurs pas aussi beau s’il n’avait pas une vocation solidaire. "Après la démonstration et l’homologation du record, le poivrier sera vendu aux enchères ", confirme Sandra. Les fonds seront reversés à plusieurs associations, à commencer par le service addictologie de l’hôpital de Boulogne, "qui n’a pas un rond mais qui fait un boulot formidable", précise Éric. "On reversera aussi à une épicerie solidaire et à d’autres structures si le montant de la vente atteint un beau pallier." Avec en toile de fond, d’autres activités autour du record et de la démonstration. "On pense à un concours d’éternuement et à bien d’autres idées originales pour clore ce projet en beauté." Les Cellois y seront pour y mettre leur grain de sel… ou de poivre. Enfin, vous nous avez compris.