Bientôt plus de distributeur à Celles :« avec la fuite des services publics, on devient des communes dortoirs »
Le dernier distributeur de l’entité va " foutre le camp " en janvier 2023, après l’exil de l’agence Belfius d’Escanaffles. Le bourgmestre se dit " démuni " par l’exode de nombreux services à la population.
- Publié le 01-12-2022 à 06h00
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Comment endiguer la fuite des services publics en zone rurale ? De solution miracle, il n’y a pas. Et d’arguments pour limiter la casse...les élus se creusent encore les méninges
En deux ans, Celles a déjà perdu trois agences bancaires. Le 27 janvier prochain, Belfius Escanaffles déménagera à Dottignies, ne laissant plus aucun distributeur de billets dans l’entité. Une donnée illustre cette lente dégringolade: la Belgique a enregistré "plus d’une fermeture d’agence par jour en 2020 et 2021 ", relate Financité, Okra et Test Achats.
Alors il y a l’option Batopin, un consortium des quatre banques les plus importantes du pays qui s’unissent en une structure pour proposer des distributeurs de billets dans les zones les moins équipées.
Ce qu’il faut lire en filigrane ? Une solution de repli, pour limiter les dégâts. On ne parle plus d’agence bancaire ici. Uniquement d’un distributeur neutre de retrait d’argent. Faute de mieux, la commune de Celles a fait appel à Batopin. "Nous avons su en octobre que Belfius allait rapatrier ses activités à Dottignies. Très vite, nous nous sommes inquiétés pour le point de retrait. Belfius met en vente son bâtiment, donc il ne peut pas être maintenu ", déplore Michaël Busine. "Nous avons proposé au consortium Batopin d’installer un distributeur au niveau de l’administration communale, soit en extérieur, soit dans le bâtiment pour davantage de sécurité. Batopin attend qu’on trouve des lieux, qu’on arrive avec des solutions concrètes." La proposition des autorités celloises n’est pas restée sans réponse. Batopin précise qu’une installation dans l’entité n’est "pas une priorité pour 2023", mais promet de travailler à cette possibilité.
« La commune n’a qu’à »
L’exode de Belfius est un symbole, celui de la raréfaction des services publics dans les communes rurales. "Il y a des enjeux économiques que nous pouvons comprendre ou accepter. Mais à chaque perte, nous dressons le même constat: c’est très souvent à la commune de trouver une solution", poursuit le bourgmestre de Celles.
"La commune n’a qu’à…" un refrain que l’élu entend trop souvent pour les transports en commun, la poste les banques ou d’autres services à la population. "Doit-on pallier chaque fois les manquements d’autres services publics ? Doit-on transférer la charge de chaque perte à la commune, déjà bien occupée ?", questionne Michaël Busine. "En continuant de déforcer les zones rurales de services à la population, on crée des communes dortoirs. Tout ce qu’on veut éviter ici, en maintenant du lien social ou en recréant une dynamique avec les clubs, les associations ou les commerces. Mais certaines choses nous dépassent. "
Plutôt que de subir, le bourgmestre secoue le cocotier. Que restera-t-il à Celles, dans cinq, dix ou vingt ans ?
Geler la suppression des distributeurs ?
Trois distributeurs déjà en activité à Tournai (Bastions & gare) et Enghien, trois autres en installation ou venant d’entrer en fonction à Mouscron, Belœil ou Estaimpuis: Batopin s’engage à installer 2 240 "points Cash" d’ici la fin de l’année 2024. "2 2% de nos installations sont déjà en service et 15% ont trouvé un emplacement et sont en cours d’installation", précise le consortium.
Pas suffisant pour convaincre les organismes Financité, Okra et Test Achats, qui s’unissent pour réclamer le "gel temporaire" des suppressions de distributeurs. "En l’absence d’une loi obligeant les banques à garantir l’accès à l’argent liquide, le nombre de distributeurs de billets diminue chaque jour, de même que le nombre d’agences bancaires. Au risque de creuser encore la fracture numérique, le gouvernement doit donc mener des négociations qui mènent à une obligation pour les banques de garantir l’accès un distributeur de billets", concluent les trois organisations qui ont saisi toute l’urgence de la situation.