La Boucle du Hainaut fait l’unanimité contre elle à Celles: les citoyens et politiques sont très remontés
Lors du conseil communal, où tous les partis ont affiché une belle unité, une petite vingtaine de citoyens ont manifesté pacifiquement contre le projet d’Elia.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/6e1300c1-cfc4-4377-a1cf-12bf78fb567d.png)
Publié le 15-10-2020 à 11h17
:focal(545x369:555x359)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/DWDVS5HPMZHZTE6JEIW5L7NZKE.jpg)
Citoyens cellois et politiques de tous bords, l’union fait la force pour s’opposer au projet «Boucle du Hainaut» d’Elia. Mercredi soir, une petite vingtaine d’habitants avaient rallié la maison de l’Entité afin de manifester pacifiquement, à coups de klaxons (de tracteurs).
À la sortie du conseil communal, ils n’ont pas manqué d’applaudir les élus qui, à l’unanimité, ont émis un avis défavorable à cette future liaison électrique aérienne de 380 000 volts reliant Avelgem à Courcelles. En Wallonie picarde, sept communes dont Celles sont pour rappel concernées par cette ligne de très grande envergure.
«Nous adressons un grand non à ce projet et au tracé proposé qui impactera plus de 40 maisons de notre entité. Par ce refus, nous montrons notre totale solidarité envers nos concitoyens. Dans un tel dossier, il n'y a pas de couleur politique et je suis heureux de notre unité dans ce combat mené pour éviter l'installation de cette ligne, a indiqué le bourgmestre Michaël Busine. Notre Commune, et en particulier le village d'Escanaffles, a déjà payé un lourd tribut dans le cadre du transport d'électricité par l'implantation de la ligne HT Avelgem-Avelin (380 kV) ainsi que la ligne de 150 kV.»
Une forte mobilisation: 576 courriers de réclamations
Risques sanitaires, dévalorisation des biens immobiliers, balafre dans le paysage, perturbations sonores…, les craintes et critiques sont légion. «Cette autoroute électrique défigurera la beauté de nos campagnes, notre patrimoine et aura un impact indéniable sur notre environnement, sur les terres agricoles, sur le bâti existant et les terrains, sur l'attractivité touristique mais surtout sur notre santé, qu'elle soit humaine ou animale. C'est totalement inacceptable», tonne le premier magistrat libéral (Cel'Avenir).
Par ailleurs, le conseil communal a déploré la façon dont Elia, «sous prétexte» de la pandémie du Covid-19, a mené sa consultation populaire.
«Le gestionnaire du réseau à très haute tension a manqué de transparence vis-à-vis de la population. À la suite de l'annulation des rendez-vous citoyens, Elia a rendu impossible le respect du principe de bonne information et de consultation préalable de la population, nécessaire au déroulement de la procédure de révision du plan de secteur.»
Sylvain Hovinne, conseiller MR, a parlé de coup de cutter dans le paysage et s'est offusqué face à «la désinvolture, l'arrogance et le manque de considération d'Elia vis-à-vis des habitants. Pourquoi ne pas enterrer cette ligne comme en Allemagne?»
Les autorités celloises n'ont évidemment pas été insensibles à la fronde citoyenne qui s'est matérialisée par le dépôt de 576 lettres de réclamation à l'issue de l'enquête publique. «On a été mis au pied du mur vu le peu de temps qui nous a été accordé pour réagir. Ce projet n'apporte aucune garantie et il faut à tout prix faire pression sur le gouvernement wallon qui rendra la décision finale», soutient Thierry Eeman, du groupe Objectif Citoyen.
Ideta pointée du doigt
Si l'intercommunale Ideta a proposé des variantes au niveau du tracé, l'hémicycle cellois a jugé inconcevable de décaler le corridor sur la zone agricole. «On ne fait que déplacer le problème car il n'y aura pas forcément moins de maisons impactées. Cette alternative est réalisée au mépris de nos agriculteurs qui subiront une baisse du rendement de leurs cultures et les effets néfastes sur les élevages. L'attitude d'Ideta qui consiste à nous refiler la patate chaude est cavalière», selon le bourgmestre.
Le conseiller Thierry Eeman va même plus loin dans la critique en pointant un conflit d'intérêts. «Ideta est censée défendre les intérêts de nos communes mais elle ne peut être objective dans ce projet, dans lequel elle est partie prenante.»
L’étude d’une autre alternative, comme le remplacement de la ligne de 70kV le long de l’autoroute E429, allant d’Avelgem vers Rebecq pour redescendre vers Courcelles, est dès lors sollicitée par la Commune. À ses yeux, Ideta doit jouer un rôle de facilitateur en donnant un avis juridique dans le questionnement sur l’impact sanitaire et environnemental.
«Nous réclamons une étude sanitaire auprès de la ministre wallonne de la Santé pour lever toute ambiguïté sur les incidences sanitaires (humaines et animales) des lignes à très haute tension et de définir les normes d'exposition en Wallonie. On va aussi demander à l'Observatoire de la Santé du Hainaut de se pencher sur les études relatives aux effets électromagnétiques et à l'université de Mons de nous fournir une cartographie objectivée des besoins en électricité en Wallonie picarde », a détaillé M. Busine.
La minorité socialiste, qui avait déposé une motion, a insisté pour que les quatorze communes traversées par la Boucle du Hainaut agissent ensemble contre ce projet. Et qu’un expert indépendant soit désigné en vue d’émettre un nouvel avis.