Boulangerie Simon à Bléharies: "Pérenniser la passion"
Après 28 ans de service, Jean-Luc Simon et Véronique Fleurquin souhaitent céder leur commerce à "un jeune qui en veut"
Publié le 04-05-2023 à 17h30
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Les époux Simon se préparent à la retraite, mais ils souhaitent que le fruit de près de 30 ans de travail commun serve de tremplin à un jeune: "Nous cédons notre commerce à un prix très abordable parce que nous voulons le voir repris: une boulangerie, c’est le cœur battant d’un village, un lieu de rencontres quotidiennes qui doit nous survivre !" explique Jean-Luc Simon qui ajoute, le sourire aux lèvres "Ne serait-ce aussi pour que nous sachions où aller acheter notre pain !"
En effet, une fois retraité, il a décidé qu’il ne mettrait plus la main à la pâte: "La qualité d’un pain dépend de la quantité fabriquée. Pétrir et cuire un seul pain n’a pas de sens ; je préférerai jardiner, voyager… me reposer, sortir le week-end et recevoir des amis… actes impossibles quand vous travaillez le week-end et vous vous levez à 2h du matin".
"Du Froid au chaud !"
Fils de boucher, Jean-Luc Simon a préféré le "chaud": "J’ai beaucoup aidé mon père, boucher à Vaulx, mais je n’ai jamais supporté le froid des frigos et de l’atelier au point que j’ai choisi la boulangerie où je n’ai plus jamais eu froid !"
Après quatre années au Collège Notre-Dame, Jean-Luc Simon se lance dans l’apprentissage en suivant des cours du soir en gestion et comptabilité à la FOCLAM pendant cinq ans: "Nous avons commencé à 45 et seuls 3 ont été diplômés !" Après un stage au Canada, il a travaillé 8 ans à la boulangerie Devleeeshouwer (Tournai) où il avait fait son apprentissage.
En mars 1995, avec son épouse hollinoise Véronique Fleurquin, il ouvre sa boulangerie à Bléharies: "Le bâtiment est une ancienne agence des douanes qui gérait la frontière fluviale. Avec l’ouverture des frontières en 1993, il a été vendu ; il permettait d’installer un vaste atelier et un magasin, qui plus est, situé sur un axe de fréquents passages ; nous avons pressenti la"bonne affaire" , d’où l’importance d’en faire profiter un repreneur".
Et le couple ne s’est pas trompé: "A nos débuts, nous faisions jusqu’à 1 000 pains par jour: nous avions des tournées et des dépôts dans les villages et nous fournissions l’internat de Saint-Luc ; nous avons eu jusqu’à six employés."
"Un lieu de vie"
Puis, les Simon se sont recentrés sur le village: "La moitié de notre clientèle est française. Notre commerce est un lieu où parfois près de deux cents personnes se croisent et partagent les nouvelles du coin. ‘Sans vous, où allons-nous encore rencontrer les gens ?’, nous demandent-ils."
Véronique Fleurquin: "Ma grand-mère, Renée, coiffeuse à Hollain, m’a insufflé l’amour du commerce ; j’ai donc trouvé beaucoup de bonheur dans la boulangerie: j’adore rencontrer les gens, les écouter. Sans oublier les cancans… Plusieurs fois, on m’a annoncé la mort de clients âgés… qui sont venus acheter leur pain juste après leur ‘annonce mortuaire’…"
Une passion absolue
"Boulanger est un métier formidable: tous les matins, je vis la magie de remplir un magasin rien qu’avec de la farine et de l’eau !" s’exclame Jean-Luc Simon. Son seul petit regret est l’absence de reconnaissance du travail artisanal: "En France, seuls ceux qui, comme nous, pétrissent, façonnent et cuisent sur place peuvent s’appeler"boulanger"; chez nous, ce n’est pas le cas: réchauffer du pain précuit décongelé donne aussi droit à l’appellation !"
Véronique et Jean-Luc ont réussi à transmettre leur passion d’indépendants à leurs enfants: Naomi a ouvert un institut d’esthétique et de pédicurie médicale à Hollain, tandis que son frère Léo, termine son apprentissage en menuiserie.
Boulangerie Simon, rue des Combattants, 65 – 069.34.64.79 ; ouverte tous les jours sauf mardi et jeudi