Blaton: au tribunal parce qu’une histoire d’amour-propre blessé a mal tourné
Des ex-beaux-frères et belles-sœurs se retrouvent dans un contexte de violence avec préméditation. La seule preuve: la serrure fracturée.
- Publié le 05-04-2023 à 07h30
- Mis à jour le 05-04-2023 à 12h05
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Pendant huit ans, Marc (nom d’emprunt) a été en couple avec Sarah (nom d’emprunt). La sœur de Marc, Mélanie (nom d’emprunt), a quant à elle entretenu une relation durant dix ans avec Stéphane (nom d’emprunt), le meilleur ami de son frère. Malgré la séparation de Mélanie et Stéphane, Marc est resté ami avec Stéphane, au point d’être en froid avec sa sœur. "Ça, c’est ce qui est clair pour tout le monde", indique la substitut du procureur du roi.
Le 19 février 2022, "tout part en vrille". Le principal prévenu dans ce dossier, Marc, reçoit une photo de son ex-conjointe dans les bras de son meilleur ami. Ceux-ci ont passé la soirée dans une boîte de nuit et ont visiblement prolongé la fête dans le même lit. "J’ai voulu aller vérifier de mes propres yeux. J’ai demandé à ma sœur de me conduire au domicile de Stéphane. Un ami nous a aussi accompagnés. Je suis monté sur une cabine électrique pour arriver à hauteur de la fenêtre qui donnait sur le salon de mon meilleur ami. Ils étaient effectivement dénudés. Il m’a ouvert, j’ai donné deux coups de pied dans la porte. Puis Stéphane a commencé à jeter des objets dans ma direction. Je me suis juste défendu".
D’après la version de Mélanie, quand elle a entendu que la situation dégénérait, elle est entrée dans l’habitation pour en ressortir quasi immédiatement avec son frère. L’objectif en allant sur place était "simplement de discuter", mais la fratrie ainsi que l’accompagnant sont poursuivis devant le tribunal pour violation de domicile, destruction de biens mobiliers ainsi que coups et blessures avec préméditation. Le ministère public requiert une peine de deux ans de prison pour chacun des trois individus.
L’une des victimes a peur des représailles
Les auditions des deux victimes sont différentes des explications des prévenus. "Pour eux, trois personnes qu’ils ont rapidement identifiées ont forcé la porte de la maison. Sarah et Stéphane sont passés à tabac. Tout est retourné", relève l’avocat de Sarah. "Je pensais qu’après un an, les prévenus allaient prendre du recul, mais maintenant je comprends pourquoi ma cliente n’a pas souhaité être présente à l’audience. Elle a peur des représailles. Elle est harcelée par la sœur de son ex-compagnon et a d’ailleurs déposé plainte récemment. Les prévenus ne sont pas transparents et je peux l’entendre vu la gravité des infractions". 1 800 € de dommage moral ainsi que 2 000 € à titre de préjudice esthétique sont réclamés par la partie civile.
La préméditation ennuie la défense
L’élément concret pour le ministère public, c’est la serrure fracturée. Cela prouve qu’on a forcé l’entrée comme l’une des victimes le mentionne. "Imaginez, vous êtes nu avec l’ex-copine de votre meilleur ami. Celui-ci arrive chez vous, car il est au courant de la situation. Vous le laissez entrer pour, tout de suite, lui balancer vos propres objets ? Cela n’a pas de sens. Quand on regarde le déroulement des faits, les prévenus ne viennent pas pour converser".
La substitut du procureur du roi souligne la notion de préméditation, ce qui ennuie les avocats de la défense. "On dirait que mon client a mené une expédition punitive, mais ce n’était pas de la violence gratuite. Les éléments démontrent la violation de domicile. Je ne peux pas plaider l’implaidable, mais je pense que Monsieur n’a pas mesuré sa force", évoque l’avocat de Marc qui demande une suspension simple. La défense de Mélanie précise que si sa cliente s’est inquiétée, c’est uniquement pour ses deux enfants, nés de l’union avec Stéphane.
"Son ex-conjoint en avait la garde ce jour-là. C’est elle qui a demandé la séparation, donc pourquoi aurait-elle eu de la rancœur?". Une suspension simple est également sollicitée. Le ministère public s’oppose à cette mesure de faveur pour la fratrie. "Cela serait banaliser les préventions".
Le jugement sera rendu le 24 avril.