Le premier roman de Pascal Deloge
Un historien qui écrit un roman. Ou quand la petite histoire d’un industriel, durant la 1re Guerre mondiale, guide Pascal Deloge.
Publié le 03-06-2019 à 06h00
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Ses racines sont athoises (où il enseigne), même s'il habite aujourd'hui à Pommerœul. Mais Pascal Deloge est aussi et surtout enraciné dans l'Histoire. Il en vit, dans tous les sens du terme. «L'histoire est un virus que j'ai contracté très tôt, vers l'âge de treize ou quatorze ans» raconte le nouveau romancier. «En rhéto à l'Athénée, j'avais trois ou quatre classeurs remplis d'exposés tout faits. J'étais passionné par tout: de la monarchie anglaise à Louis XIV, en passant par les grands personnages. Depuis qu'un professeur de 1re année secondaire m'a demandé un travail sur Jules César, je n'ai jamais arrêté de réaliser des travaux. Et le problème avec moi, c'est que je ne trie pas. Il y a toujours des couches en plus.»
«Je vois deux raisons à mon envie d’enseigner. La première, c’est qu’enseigner l’histoire permet de faire de l’histoire; mon métier est mon hobby, ma passion. Pour moi, l’histoire est une fenêtre sur le monde; l’histoire, c’est comme une paire de lunettes qui permet de regarder le monde. La deuxième raison, c’est l’utilité sociale, l’éducation. J’avais besoin d’être utile et non seulement de pondre des trucs que personne ne lit. Face aux étudiants, je suis un semeur, un proposeur d’idées.»
«Les jeunes? Je les trouve toujours aussi intéressants et pleins de promesses qu’autrefois. Mais l’école a beaucoup changé. Et la société aussi. Nous sommes dans une période de transition.»
Et la transition entre l'historien et le romancier? Attaché aux faits de l'Histoire, Pascal Deloge constate, par exemple, que les grosses sociétés s'en sortent relativement bien durant la 1re guerre mondiale. Mais la situation ne doit pas forcément être aussi aisée pour tous. «Si les gens partent en 1940, c'est parce qu'ils avaient le souvenir d'une occupation très dure en 1914-1918. Alors, je me pose la question: que fait un petit? De cette catégorie, on ne parle pas. Je me suis dit que j'allais l'inventer…»
Pascal Deloge devient romancier et tisse lui-même l'histoire d'un petit patron armurier de la région de Liège. «La grande Histoire n'est convoquée que lorsque j'en ai besoin. On vit l'histoire avec le personnage.»
L'historien n'est pas devenu romancier du jour au lendemain. Ce fut un apprentissage. «En histoire, on laisse les jugements au portemanteau. Dans le roman, on part des émotions; on n'écrit pas de façon neutre. Le roman historique n'est pas nécessairement fait pour dire la vérité historique. Il y a très peu de dates dans mon roman; on est dans le temps des personnages et non dans celui de l'histoire…»
Pour réussir ce cheminement, Pascal Deloge a fréquenté un atelier d'écriture. «Puis, j'ai eu la chance de trouver un éditeur et nous avons ensemble retravaillé mon écrit durant huit mois. Romancier, c'est un vrai métier.»
«L’homme perdu» de Pascal Deloge aux Éditions Abordables, Paris, 2019 (18,90€).