Incendie du home de Grandglise, la semaine d’après : "Des résidents perdus et très touchés psychologiquement" (vidéo)
Une semaine après le grave incendie qui s’est déclaré dans les combles de l’aile A du home du CPAS, les 54 résidents évacués n’ont d’autre choix que de prendre leur mal en patience. Il faudra des mois avant qu’ils puissent réintégrer les lieux.
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Publié le 17-05-2023 à 09h00
Christian Vandeputte, le président du CPAS de Belœil ne dort pas bien ; il n’est pas le seul depuis cette journée cauchemardesque du 10 mai qui a chamboulé la vie des pensionnaires et du personnel du home Les Bruyères.
Il y a tout juste une semaine, tous avaient dû être évacués des bâtiments de la rue d’Harchies, alors qu’une partie de la toiture de l’aile A (NDLR: la plus ancienne, datant des années 50) était la proie des flammes.

Au-delà des dégâts matériels, cet incendie d’ampleur a laissé d’importants stigmates dans les esprits. "Nos résidents sont très touchés psychologiquement. Ils ont été déracinés de leur environnement et ont aussi perdu leurs repères vis-à-vis des équipes soignantes qu’ils avaient l’habitude de côtoyer, explique M. Vandeputte. Certaines personnes âgées sont arrivées à la maison de repos de Grandglise il y a 30 ans. Nous avons aussi 7 ou 8 résidents isolés qui n’ont plus que le personnel comme seule famille."
Maintenir le contact avec les pensionnaires
Très rapidement après le sinistre, un bel élan de solidarité s’est mis en place. Les 54 seniors du home ont été relogés dans 17 structures de Wallonie picarde (Tournai, Frasnes, Leuze, Blaton, Lessines…) et de Mons-Borinage. "Outre les maisons de repos, trois hôpitaux, dont ÉpiCURA à Ath, ont accueilli 10 de nos résidents pour des problèmes liés au stress. La majorité d’entre eux ont pu sortir depuis lors."
Pour ne pas perdre le contact avec les services du CPAS de Belœil, une cellule d’aide a été créée et maintenue afin de permettre, notamment, aux seniors répartis un peu partout dans la région de recevoir la visite de visages familiers du home, désormais vide, de Grandglise. "Le suivi est assuré par les infirmières et aides-soignantes qui se répartissent le travail par équipes", précise Christian Vandeputte.

Comme on peut aisément l’imaginer, le choc a aussi été rude pour les travailleurs sociaux, (para)médicaux, d’entretien… qui se sont retrouvés sur le carreau. " On essaie de voir comment on peut les aider le mieux possible en fonction de nos moyens.
Certaines catégories d’agents, comme les ouvriers ou les techniciennes de surface, ont fait l’objet d’une convention de mise à disposition en vue d’être détachés auprès de la Commune. Pour le personnel soignant, c’est plus compliqué. Les personnes ayant épuisé leurs heures supplémentaires et le solde de congés 2022 sont en chômage économique." Les familles des pensionnaires ne sont pas non plus oubliées: elles sont conviées ce mercredi soir à une réunion organisée en la salle des fêtes de la place de Basècles.

Une entreprise d’assainissement a achevé, ce mardi, le bâchage de la toiture endommagée par le sinistre. Hier après-midi, un expert est par ailleurs descendu sur place pour tenter de faire la lumière sur l’origine du feu.
Plus de service de repas chauds à la cantine. Jusqu’à quand ?
La priorité actuelle est de remettre, le plus rapidement possible, en service la cuisine centrale du home du CPAS. L’outil mis à l’arrêt forcé mercredi dernier fournit 400 repas par jour aux personnes âgées mais aussi aux écoles et crèches de l’entité.
"La société Vinçotte a remis son rapport et l’on espère, sur base de ce document, être en mesure de rouvrir la cuisine vers le milieu du mois de juin", dit le président de l’institution sociale.

Face à un tel incendie, qui avait conduit au déclenchement du plan d’urgence, il apparaît bien difficile de donner des perspectives quant à un retour des "locataires" à la rue d’Harchies.
"Nous allons tout faire afin d’accélérer la remise en conformité de l’aile B (23 lits) qui a été légèrement touchée. Notre souhait serait qu’elle puisse être occupée dans les trois mois. Il faut aller de l’avant et redonner le moral aux gens", affirme Christian Vandeputte qui montre là toute sa détermination, à l’instar de ses services et de la Commune de Belœil, à remuer ciel et terre pour que les résidents réintègrent – progressivement et dans des délais raisonnables – les chambres de la maison de repos.
L’autre lueur d’espoir concerne le chantier du nouveau bâtiment (30 chambres) qui devrait être clôturé pour la fin de l’année. Pour ceux qui l’ignorent, il s’agit de la première phase du projet d’extension de la structure, qui portera sa capacité d’accueil de 54 à 72 lits.
Un appel à l’aide adressé à la Région wallonne
"J’ai demandé au cabinet d’architecture et à l’entrepreneur d’évaluer la faisabilité de terminer les travaux plus tôt. Quant à l’aile A, où l’incendie a pris naissance dans le grenier, je ne me fais pas trop d’illusions. Entre les devoirs d’expertises, le travail des compagnies d’assurances et les réparations, ce bâtiment restera condamné pour un an, au moins."
Des contacts ont déjà été pris avec le cabinet de la ministre de l’Action sociale Christie Morreale, pour que des fonds soient débloqués en vue d’aider le CPAS et la Commune à sortir la tête de l’eau. "J’aimerais que la ministre vienne se rendre compte de la situation sur place et que l’on puisse bénéficier d’un soutien de la Région wallonne. On n’avait franchement pas besoin de subir une telle crise après tout ce qui est tombé sur le dos des Communes et des CPAS ces dernières années (crise Covid, explosion des dépenses…)."