Stambruges: les sorcières étaient de sortie dans le village
Elles venaient aider le diable à percevoir la dîme. Les temps ont changé, même si elles importunent encore les passants.
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Publié le 15-05-2023 à 06h00
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Les Sorcières de Stambruges étaient de sortie ce samedi dans les rues du village pour s’adonner à leur activité favorite: importuner les passants à coups de glissades et de cris. Pourtant, les habitants les attendent toujours avec impatience. Il faut dire que le riz qu’elles leur jettent doit apporter du bonheur.
Il fut pourtant un temps où les sorcières ne venaient pas chez les gens pour accomplir une noble mission. "En réalité, le diable était le percepteur de la dîme. Il menaçait de faire appel aux sorcières pour récupérer l’argent auprès des gens qui ne voulaient pas payer. Elles criaient gages, gages pour réclamer l’argent aux paysans, confie Philippe Depluvrez, président du comité des Sorcières. Maintenant, on laisse les gens tranquilles avec ça et on leur jette du riz pour que ça leur porte bonheur."
De la vie au village
Le groupe a été créé en 1987 au départ d’un café par un groupe d’amis. "On avait envie de recréer une activité au village, explique Philippe. Dans de nombreux villages, le folklore se perd et trouver des bénévoles n’est jamais évident. On a organisé de petites festivités et ça a pris de l’ampleur. À la base, nous étions six sorcières et au fur et à mesure, nous avons voulu étoffer le groupe pour pouvoir aller représenter le village aussi à l’extérieur. Aujourd’hui, nous sommes une trentaine. D’autres sorcières viennent chez nous, comme celles d’Ermeton cette année. Nous, nous irons par exemple aux fêtes de Wallonie à Namur afin de faire partager notre culture. Ce sont toujours des moments d’échange."
La tenue des Sorcières demeure très originale. "Nous utilisons tout ce qui était d’époque, le cuir pour le masque et les bourses, le bois pour nos sabots. Notre perruque est faite avec des herbes que nous allons chercher dans le bois. Il y a aussi les carottes de pin et nos balais qui sont tous différents et qui représentent les diverses essences d’arbres du village. Nous avons la laine pour nos mitaines et nos chaussettes, le tissu pour nos robes. C’est une tenue vraiment spécifique, détaille le président du comité. On déambule dans le village pour annoncer le sabbat et on termine par le sabbat sur un site superbe et bien aéré où les sorcières entament leurs incantations."
Elles s’engouffreront ensuite dans la nuit noire pour se disperser dans le bois et réapparaître quand on ne les attend pas. Gages, gages…