SÉRIE D’ÉTÉ | En vacances chez nous : Dans la cour des grands au prestigieux château de Belœil
Patrimoine majeur de Wallonie, le Domaine princier, propriété de la famille de Ligne depuis le XIVe siècle, n’a pas usurpé sa réputation de «Petit Versailles belge». Ses jardins à la française en témoignent.
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Publié le 21-08-2020 à 07h00
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À l’ouest du Hainaut, sur le territoire wallon picard, se dresse une majestueuse demeure princière qui doit son rayonnement international à l’illustre famille de Ligne. Belges, Français, Anglais, Italiens, Russes, Américains… et même Japonais, des touristes du monde entier déambulent au sein du château de Belœil et ses jardins à la française qui étalent leur splendeur sur 25 hectares.
Cette renommée a pu être bâtie grâce à l'ancrage territorial fort des princes de Ligne, qui y sont installés depuis 700 ans! «Il existe très peu de propriétés en Belgique à avoir traversé l'histoire depuis le XIVe siècle en restant dans une même famille. C'est grâce au mariage entre Jean de Ligne et Jeanne de Condé que le Domaine fut donné en dot au prince de Ligne,» nous explique Carmelina Ricotta, guide au château de Belœil.
Charles-Joseph de Ligne, dont le buste trône fièrement sur la place de Belœil, est sans aucun doute celui qui a le plus donné ses lettres de noblesse à la résidence princière. C'était lors de la glorieuse époque de Louis XIV. «Proche de Voltaire, cet ancêtre du prince Michel de Ligne, l'actuel propriétaire du château, côtoyait Marie-Antoinette qui l'invitait régulièrement à Versailles lorsqu'elle organisait des fêtes somptueuses en tant que dauphine». Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le Domaine de Belœil est surnommé «Le Petit Versailles belge». Son parc à la française, alternance harmonieuse d'eau et de verdure, a été dessiné par un élève d'André Le Nôtre, le

maître bâtisseur des jardins de Versailles. «À la grande époque de Belœil au XVIIIe siècle, on pouvait circuler à pied sur les terres du prince de Ligne jusqu'à Valenciennes, située à 36 km,» raconte Carmelina Ricotta. Des personnages illustres y ont séjourné comme le Duc de Wellington et le Comte d'Artois.
Versailles comme modèle
Ébauché au XVIIe siècle, l’écrin de nature ceinturant le château de Belœil renvoie une atmosphère intimiste qui tranche avec la grandeur des lieux et de l’impressionnant bassin central Neptune (453 m de long sur 130 m de large!).
«Le Domaine se présente comme une succession de petits écrins en enfilade qui racontent tous une histoire. Le boulingrin par exemple, dont le nom proviendrait de l'anglais bowling green, désignait l'endroit où l'on jouait aux boules. Au bassin des Dames, que l'on peut considérer comme l'ancêtre de la piscine, les dames avaient l'habitude de s'y baigner. À l'image du roi Louis XIV qui emmenait sa cour promener dans le parc de Versailles, le jardin d'agrément de Belœil était aussi une vitrine pour le prince de Ligne. Il y donnait des fêtes grandioses avec, sur le vaste plan d'eau, des barques de style gondoles vénitiennes».
Le grand bassin: 453 mètres de long!
Ce qui rend la demeure des princes de Ligne, édifiée au XVIIe S, si exceptionnelle, c'est la richesse de ses collections précieusement conservées au fil des siècles. «Mais il est aussi l'un des rares châteaux à être encore entièrement meublé avec des pièces d'époque, principalement du XVIIIe siècle (tableaux, lits, porcelaine…) ».
De style classique, le château de Belœil renferme une sublime bibliothèque où sont entreposés vingt mille volumes. Parmi ceux-ci-ci, on retrouve une édition originale et non censurée de l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert.
Et dire que ces œuvres inestimables ont failli disparaître dans le grave incendie qui ravagea la propriété une nuit de décembre 1900. Si ce patrimoine a pu être sauvegardé, c'est grâce à la mobilisation de la population locale et du personnel du château. «La nurse britannique qui s'occupait des enfants princiers a réuni les dames du château. Ces dernières ont mis un maximum de livres dans leurs jupons avant de les jeter par la fenêtre, où des Belœillois attendaient avec des draps et couvertures».
À table!

C’est dans le cadre unique d’une ancienne ferme de trois cents ans que Christophe et Sophie accueillent les visiteurs qui font halte sur la place d’Aubechies. La taverne Saint-Géry, une adresse atypique dans la région, a bien plus à offrir qu’une large sélection de bières spéciales et de savoureux plats à base de produits du terroir. Ce repère de vieilles pierres a aussi un charme fou avec ses objets anciens (plaques émaillées, vieilles bouilloires…) que les clients peuvent admirer sur les murs ou suspendus au plafond.
Reconstitutions
Un voyage dans le temps à l’Archéosite d’Aubechies
Le village pittoresque d’Aubechies a bien des richesses à faire valoir, entre son église romane du XIe siècle, ses paysages champêtres et son archéosite. Cette dernière curiosité propose un parcours immersif et didactique qui plonge le visiteur cinq mille ans en arrière.
Du néolithique ancien jusqu’à l’époque romaine, on prend plaisir à voyager et à découvrir les us et coutumes de civilisations parfois «oubliés», mais qui ont laissé un bel héritage.
Considéré comme le plus grand site de reconstitutions archéologiques de Belgique, l’Archéosite d’Aubechies dévoile un riche ensemble de bâtiments sortis d’un autre temps. Le mobilier intérieur a été reproduit d’après des pièces d’origine mises au jour lors de fouilles. Fermes des premiers agriculteurs, ateliers métallurgiques, nécropole antique, villa gallo-romaine, maisons gauloises…, le temps semble s’être arrêté au IIIe siècle après JC.
Pour compléter votre visite, n’hésitez pas à parcourir l’exposition «Néandertal l’Européen» qui vous permettra de mieux appréhender cette «espèce», laquelle s’est éteinte 30 000 ans avant notre ère. À voir jusqu’au 13 septembre prochain.
À noter que l’Archéosite agrémentera prochainement son circuit de visite par la présentation d’un nouveau spectacle audiovisuel immersif 4D «Time Travel». Celui-ci prendra place dans la future salle de 120 places qui sera aménagée sur le site.
La nature à l’état pur
Les marais d’Harchies, paradis des oiseaux
Refuge de 200 espèces d'oiseaux, le site hennuyer dévoile une étonnante mosaïque de paysages (terrils, étangs, bois…).

Nichés au cœur de la vallée de la Haine, les marais d’Harchies, dans l’entité de Bernissart, constituent un site ornithologique majeur en Région wallonne.
Environ 250 espèces sauvages, dont certaines particulièrement rares, y ont été recensées, ce qui en fait le site le plus riche de tout le Hainaut. Epactis des marais, grande aigrette, gorge-bleue à miroir, martin-pêcheur, busard des roseaux… s’épanouissent au sein de ce complexe marécageux de 550 hectares.
Si les oiseaux nicheurs pullulent au-dessus des marais d’Harchies, le site offre aussi un écrin de transit idéal pour les migrateurs, comme le faucon kobez et la guifette moustac, deux espèces rares.
Propice à la balade tout au long de l’année, cette réserve naturelle s’est formée grâce aux effondrements miniers et à la remontée de la nappe aquifère. Ce double phénomène a donné naissance aux vastes plans d’eau (125 hectares!) que l’on peut contourner à pied ou à vélo. Au départ du chemin des Préaux, les deux chemins balisés de 4,8 km et 6,7 km, agrémentés de sept observatoires, sont loin d’être monotones. Et pour cause puisqu’au fil de la promenade, c’est une véritable mosaïque de paysages qui défile sous nos yeux: terrils plats, étangs, roselières, zones boisées et autres prairies. C’est cette cohabitation entre milieux secs et humides qui confère aux marais d’Harchies une exceptionnelle diversité biologique.
Une richesse qui a valu au domaine une reconnaissance tant internationale (zone Ramsar) qu’européenne (Natura 2 000) et wallonne (zone humide d’intérêt biologique).
En ces temps de crise sanitaire, les visites régulières des marais d’Harchies, organisés par le CRIE (Centre régional d’initiation à l’environnement) sont suspendues jusqu’à nouvel ordre.