Un site et deux chantiers au château Cambier à Ath
"Drone de chantier" effectue une halte à la rue de Pintamont à Ath où un chantier bicéphale a fait parler de lui.
- Publié le 22-08-2023 à 06h30
- Mis à jour le 22-08-2023 à 14h18
Le chantier "bicéphale" ouvert début 2022 sur le site (au sens large) du château Cambier et de la Maison des Géants, en plein cœur d’Ath (rue de Pintamont) intéresse beaucoup les Athois (es). Il est situé au cœur de la ville, dans et autour d’une gentilhommière qui symbolise une activité qui fut jadis très développée à Ath (l’industrie du meuble). Mais il touche aujourd’hui un endroit qui doit littéralement révéler le patrimoine local aux regards extérieurs, à travers LE musée (principal) d’Ath, en prenant appui sur la gigantesque fête multiséculaire du 4e dimanche d’août.
Après une vingtaine d’années, il était temps pour les Autorités communales de revoir la muséographie et de changer leur fusil d’épaule quant à l’approche développée. Au début des années 2000, le folklore et le gigantisme y furent déclinés de façon prioritaire. Dans quelques mois, les espaces (enrichis) du château Cambier inviteront les visiteurs à un dialogue entre le folklore et les autres facettes de la cité athoise (son histoire, les arts, l’industrie,…).
En février 2022, le conseil communal a approuvé la rénovation de la Maison des Géants (ouverte en 2000). L’immeuble (acquis par la Ville en 1995) va rendre davantage de force aux objets à travers des présentations permanentes, mais aussi via des expositions temporaires organisées en particulier dans la "villa italienne".
Sur deux niveaux (il n’y a plus de conciergerie), les sept géants du cortège de la Ducasse vont guider les visiteurs vers l’histoire d’Ath.
Ainsi, L’ Aigle à deux têtes représente le blason communal et il symbolise les libertés communales. Il permet d’évoquer la création de la ville neuve au Moyen Âge et son évolution. Sous son regard, s’exposera notamment la superbe maquette due au talent de René Sansen.
Les guildes militaires, chargées de garantir l’ordre dans la cité médiévale, sont à l’origine de plusieurs géants. Les canonniers-arquebusiers créent Samson en 1679. Les Bleus défilent toujours actuellement avec le géant. La place du monde associatif sera évoquée dans cette partie.
Ambiorix porte une puissante cuirasse, en zinc et cuivre repoussé. Cette armure permet d’évoquer le savoir-faire des artisans du métal (et du bois), qui sont attestés à Ath depuis la fin du Moyen Âge. Ce sera aussi le moment de faire allusion à la Forge d’Ostiches.
Mademoiselle Victoire témoigne de la fête au XIXe siècle et de l’importance des artistes (avec des peintres notamment).
Le cheval Bayard est le plus ancien des géants athois. Dès l’origine, la procession met en scène des histoires fantastiques et merveilleuses.
Dans le chapitre consacré à Goliath, on évoque les origines de la fête à la fin du Moyen Âge. Des histoires sont interprétées au fil du cortège, ce qui contribue à créer un théâtre en mouvement.
Madame Goliath est créée en 1715. Elle est la première géante introduite dans le cortège, ce qui permet de s’interroger sur la place des femmes dans la fête. La géante est vêtue d’une toilette élégante: c’est l’occasion d’évoquer le travail du tissu (avec la dentelle aussi).
Les travaux d’aménagement de la Maison des Géants sont entrés dans leur phase finale. Théoriquement, le musée pourrait accueillir ses visiteurs d’ici quelques semaines, moins de deux ans après avoir fermé ses portes.
Des chantiers qui ne sont plus synchronisés
Mais on devine la difficulté auquelle sont confrontées les Autorités communales: le chantier bicéphale ne s’est pas déroulé comme prévu pour l’autre "face" du site, celle à front de rue de Pintamont. On a vite perdu la synchronisation entre les deux projets.
Au printemps 2022, la Brasserie des Légendes a en effet ouvert l’autre volet du chantier, après avoir acquis un immeuble contigu (n°16) à la Maison des Géants (hall d’entrée, n°18). Sur base d’un partenariat public/privé, le projet global vise à doter l’infrastructure (publique) d’espaces de réception (secteur horeca) gérée par un acteur privé.
En théorie, l’ouverture (générale) du site aurait dû avoir lieu en ce mois d’août. Mais on connaît l’histoire. Le chantier à front de rue de Pintamont a été ralenti et même stoppé par d’importants problèmes de stabilité.
D’ici quelques semaines, la Brasserie des Légendes devrait disposer d’un (nouveau) permis afin d’ériger les locaux projetés, sur des espaces supérieurs (puisque la brasserie a aussi acquis l’immeuble portant le numéro 14).
Le terrain est aujourd’hui en passe d’être complètement déblayé. Le site a été sécurisé. "Des bâches vont être posées sur les pignons, de manière à les protéger des intempéries et à améliorer l’aspect esthétique" indique Pierre Delcoigne, directeur de la Brasserie des Légendes. "Dans le courant du mois de septembre, des sondages seront réalisés par l’expert désigné dans le cadre de la procédure judiciaire afin d’examiner les fondations et de comprendre ce qui s’est passé. Théoriquement, nous devrions ensuite pouvoir relancer les travaux si le permis est accordé."
On sait que la Brasserie des Légendes a intenté une action en référé devant le Tribunal de l’Entreprise, en juin, afin de faire préciser les causes des incidents, mais aussi les responsabilités des uns et des autres. L’expertise judiciaire devrait être terminée pour le début du mois de novembre.
D’ici là, la Brasserie espère donc que les travaux auront repris. Mais la situation n’en rend pas moins perplexes les Autorités communales car c’est depuis la rue de Pintamont qu’est prévu l’accès à la Maison des Géants. Il faudra bien prévoir une formule provisoire (jardin du site, depuis la venelle de la Culture, à l’arrière) afin que les groupes (au moins) puissent visiter ce qui va dorénavant constituer LE musée communal d’Ath.